Off the Wall : une nouvelle génération de cinéastes parle de 1989
Off the Wall / A bas le mur est un projet soutenu par la Commission européenne qui vise à accroître la visibilité des œuvres des cinéastes d’Europe centrale et de l’Est. Manifestation se déroulant dans plusieurs pays européens, elle se concrétise en France cette semaine sous la forme de projections-débats, lesquelles ont débuté à Rouen ce lundi et s’achèvent ce samedi à Paris. Coorganisatrice du projet et directrice exécutive du festival A l’est du nouveau, Markéta Hodoušková en parle au micro de Radio Prague.
Le cycle a débuté lundi par la projection à Rouen du film All that I love du réalisateur polonais Jacek Borcuch, une œuvre culte selon Markéta Hodoušková, qui a apprécié la qualité du débat ensuite organisé en présence de l’écrivain, historien et politologue Jean-Yves Potel.
« C’était plutôt des personnes plus âgées qui sont venues voir les films et faire les débats et leur connaissance de la situation était assez approfondie. Pour la nouvelle génération, c’est vrai que la période il y a 25 ans est déjà trois loin et en fait ils ne connaissent pas grand-chose. Mais il y a une curiosité de la jeunesse. »
Le long-métrage Pouta, de Radim Špaček, est l’autre film proposé au public. Cette œuvre, qui a remporté pas moins de cinq Lions d’or en 2010, l’équivalent tchèque des Césars, traite des aspirations d’un agent de la police tchécoslovaque dans les années 1980. Une histoire qui croise celle des brimades subies à l’époque par Petr Placák, écrivain et un temps musicien dans le groupe underground des Plastic people of the universe. Il est notamment le fondateur du mouvement des Enfants tchèques, un groupe de jeunes dissidents d’orientation "anarcho-monarchiste". Petr Placák est l’autre intervenant invité en France et Markéta Hodoušková le présente ainsi :
« Pour le film tchèque Pouta, nous avons en ce moment à Paris l’invité d’honneur Petr Placák, une personnalité majeure de la littérature underground tchèque. Il accompagne le film Pouta qui a une certaine similitude avec sa vie personnelle, sa saga avec la police secrète qu’il a personnellement décrite dans son roman Fizl (L’Indic) et pour lequel il a remporté le prix Magnesia Litera. »Off the Wall se poursuit jusqu’à samedi à Paris mais le concept se prolonge bien au-delà et ce cycle de projections-débats n’est qu’une « mise en bouche » d’un projet plus ambitieux :
« C’est un projet qui dure une année et qui est simplement lancé par cette semaine avec parallèlement des projections en Estonie et en Espagne. Le cœur du projet, c’est un catalogue de films que chaque festival participant va présenter pendant son édition régulière. »
L’édition régulière du festival A l’est du nouveau, une édition spéciale puisqu’il s’agira de la dixième, aura lieu au mois d’avril prochain comme à l’usage dans l’agglomération rouennaise en Normandie. Outre les traditionnelles sections compétitive et « Focus », la manifestation s’enorgueillit de proposer pour la première fois une coopération avec la prestigieuse école de cinéma pragoise, la FAMU. Des films projetés dans le cadre du festival des étudiants de cet établissement, le Famufest, seront ainsi exposés au public français pour répondre à ce désir de promouvoir l’émergence de jeunes cinéastes. Pour concourir à cette volonté, certaines œuvres seront donc estampillées « Off the Wall ». Markéta Hodoušková :
« Nous voulons mettre en avant la nouvelle génération de réalisateurs qui viennent des pays de l’Est, ceux qui sont nés dans les années 1970 et plus tard, et qui ont donc vécu en partie sous l’ancien régime mais qui ont commencé à créer dans des sociétés démocratiques et libres. Nous voulons faciliter l’accès de cette génération aux spectateurs. »
Markéta Hodoušková ambitionne de ne pas montrer seulement le cinéma témoignant de l’époque prérévolutionnaire mais également celui qui parle de la société issue des événements de 1989. Toutes les informations sur le cycle Off the Wall sont disponibles sur la page Facebook du festival A l’est du nouveau.