La Slovaquie, le plus grand allié des Tchèques ?
L’Association pour les questions internationales (AMO) a récemment publié une recherche portant sur la perception des alliés de la République tchèque au sein de l’Union européenne. C’est la Slovaquie, l’Allemagne et la Pologne qui sont le mieux évalués par les personnes sondées issues de la politique, de l’administration publique, du monde académique et du journalisme. Radio Prague s’est penché sur ces résultats avec l’auteur de la recherche, Vít Dostál.
« Nous avions l’impression que le débat sur les affaires européennes était trop sensationnel en République tchèque et qu’il se jouait uniquement sur les différences exacerbées entre les eurosceptiques et les eurobéats. Mais en réalité, il existe un groupe de gens qui s’intéressent de près à la politique européenne et qui l’influencent. Nous voulions mieux connaître leurs opinions. »
La question posée est la suivante : « Quels sont les trois plus grands alliés de la République tchèque dans l’UE ? » Selon les résultats de la recherche, deux groupes d’Etats se distinguent. Il s’agit d’un côté des pays voisins et de l’autre côté des pays qui défendent une approche libérale de l’économie. Concrètement, 72% de l’ensemble des personnes interrogées identifient la Slovaquie en tant qu’allié principal de la République tchèque au sein de l’UE. La Slovaquie est suivie de l’Allemagne (66%) et de la Pologne (61%). La Pologne est même le premier pays cité par les universitaires. Un autre Etat voisin, l’Autriche, se positionne également parmi les six premiers. Représentants les pays prônant une politique économique libérale, la Grande Bretagne et les Pays-Bas figurent avec respectivement 21,5% et 8,3% à la quatrième et à la septième place du classement. Vít Dostál analyse ces résultats :
« A mon sens, le primat accordé à la Slovaquie relève d’un romantisme post-fédéral, car nos deux pays, héritiers d’un passé commun et de rapports non-conflictuels, ne poursuivent pas forcément les mêmes objectifs au sein de l’UE. Un exemple parmi d’autres est le fait que la Slovaquie fait partie de la zone euro. En ce qui concerne l’Allemagne, son statut de grand partenaire commercial a influencé le résultat. En plus, il s’agit d’un acteur important dans l’UE sans lequel aucune décision majeure n’est votée. Son impact s’est accru pendant la crise de la zone euro. Quant à la Pologne, son très bon classement témoigne du fait que le pays n’est plus perçu comme trop ambitieux dans la région centre-européenne. Enfin, l’apparition de la Hongrie dans ce classement montre à quel point les liens régionaux tissés par le groupe de Visegrád sont importants. »Vít Dostál admet également que le bon classement des Etats appliquant des politiques libérales, tels que la Grande Bretagne ou les Pays-Bas, peut relever d’un consensus en faveur du libéralisme économique qui existe au sein des élites tchèques.
Mais l’absence dans ce classement de certains pays, comme la France, l’Espagne, l’Italie ou la Grèce, est également révélatrice. Quant à la qualité des relations bilatérales, la France a obtenu la pire note, une note inférieure à dix sur vingt. Selon Vít Dostál, ce positionnement révèle d’un relatif manque de sympathie des répondants tchèques vis-à-vis des pays réticents à appliquer les politiques d’austérité :
« Tous les pays de cette aile Sud sont perçus comme des pays problématiques notamment en lien avec la crise de la zone euro. Nous y voyons une ligne de démarcation entre « l’Europe sans problèmes » et « l’Europe avec problèmes ». Du moins, c’est la façon dont les élites tchèques considèrent la politique européenne. »Pour ce qui est des projections dans l’avenir, si les répondants attendent une stagnation de la relation avec la France, une détérioration est attendue avec la Grande Bretagne. Cette détérioration peut être liée à la prise de distance britannique vis-à-vis de l’UE. En revanche, une amélioration des relations avec l’Autriche est pressentie, ce qui confirmerait l’importance accordée par la République tchèque aux pays voisins.