L’implantation de Hyundai en République tchèque entourée de controverses
Le plus grand investissement direct étranger de création (IDE en abrégé), c’est-à-dire d’une entreprise étrangère qui fait construire ses infrastructures, en République tchèque reste entouré de controverses. Depuis dix ans qu’elle est implantée en République tchèque, la firme coréenne de construction automobile Hyundai a déjà fait face à deux procès en justice et s’est également vu infliger plusieurs amendes. Au cœur de ces différends se trouve notamment le non-respect du droit de construction et de certains engagements en termes de la protection de l’environnement.
Du fait de son implantation à peine un kilomètre de la zone naturelle protégée de Beskydy, le projet de construction de l’usine automobile soulevait des controverses dès sa conception. Outre ces considérations environnementales, l’acquisition des terrains était également problématique du fait que l’Etat tchèque n’était pas propriétaire des terrains proposés à l’investisseur coréen. La vente des terrains agricoles ainsi que de vingt-deux maisons s’est fait en dépit du refus initial de certains propriétaires qui ont même reçu des menaces de mort anonymes.
Malgré ces péripéties, la construction de ce complexe a été terminée en un temps record et la première usine de Hyundai en Europe a pu lancer sa chaîne de production le 10 novembre 2008. En passant à un système d’organisation du travail en trois-huit (un système de rotation des équipes de travail tous les huit heures et qui aurait un impact négatif sur la santé), l’usine a atteint en 2011 le maximum de sa capacité de production en fabriquant 303 000 voitures annuellement, soit 1 300 voitures par jour, ce qui revient presque à fabriquer une voiture chaque minute. Selon le bilan annuel de Hyundai, l’entreprise employait 3 400 personnes en 2013. La même année, en octobre, peu avant le cinquième anniversaire de l’usine, président Miloš Zeman a d’ailleurs visité cette usine.
Jusqu’à aujourd’hui, deux plaintes judiciaires ont été déposées contre Hyundai à Nošovice. La première concernait l’usage de séparateurs d’huile dont la qualité était inférieure à celle prévue dans la Déclaration d’entente, un document signé avant la construction de l’établissement par plusieurs organisations non gouvernementales, des associations locales, l’entreprise coréenne ainsi que les représentants de la région et de la municipalité. En constatant le manquement à cette déclaration en termes de protection de l’environnement, l’organisation Frank Bold, qui fournit un service judiciaire en matière environnementale a porté plainte auprès d’un tribunal municipal. Cette plainte a terminé à la Cour constitutionnelle qui l’a rejetée. Les juges se sont ralliés à l’argumentation des avocats de Hyundai qui estiment que la Déclaration d’entente n’a pas de caractère juridiquement contraignant.
Un autre procès relatif à la diminution de l’impact environnemental de l’usine est en cours. La cour suprême administrative a décidé que la juridiction locale de Frýdek-Místek est compétente pour trancher la plainte car l’entreprise Hyundai a pris des engagements clairs d’aménagement du paysage qu’elle n’aurait pas respectés. La session au tribunal régional est prévue pour le 1er avril. Les incidents qui entourent la construction de l’usine ont également fait l’objet d’un film documentaire du metteur en scène tchèque Vít Klusák. Le documentaire réalisé en 2010 s’intitule « Tout pour le bien du monde et de Nošovice ».