Les dessous de la déclaration de politique générale de la nouvelle coalition
La coalition gouvernementale a avalisé, mercredi soir, la version finale de sa déclaration de politique générale, qu’elle présentera à la Chambre des députés mardi prochain. Regardons de plus près les priorités de la nouvelle coalition tripartite, (sociaux-démocrates, chrétiens-démocrates et mouvement ANO), et évoquons les premières réactions… quelque peu réservées.
« Nous entendons favoriser la croissance économique, notre programme économique est basé sur le soutien aux entreprises, sur une administration publique fonctionnelle et plus transparente, sur un marché du travail efficace, un système des retraites durable, une conciliation sociale, ainsi que sur des investissements dans l’éducation et la recherche scientifique. »
Des propos très vagues et, aurait-on presque envie de dire, irréprochables. Toutefois, les sociaux-démocrates souhaitent concilier les citoyens notamment en valorisant les retraites, (300 couronnes pour une pension moyenne), ce qui représente environ 8 milliards de couronnes de charges supplémentaires pour le budget de l’Etat. Où trouver cet argent ? La lutte contre la corruption qui devrait fournir les ressources nécessaires, toujours selon le Premier ministre :
« Nous allons imposer des mesures contre l’évasion fiscale notamment, et si toutes ces mesures prévues s’avèrent insuffisantes, la coalition envisagera d’augmenter l’imposition des personnes morales. »
Les critiques objectent à la naïveté de tels propos et condamnent des bonnes intentions d’ores et déjà vouées à l’échec, comme le remarque avec une certaine ironie l’ancien ministre des finances Miroslav Kalousek :« Le gouvernement peut soit remplir son programme, soit mener une politique budgétaire responsable. Mais pas les deux à la fois. »
Une belle métaphore sur l’incompatibilité des objectifs contenus dans la déclaration a été prononcée par le chef du Parti civique démocrate (ODS), Petr Fiala :
« C’est comme se mettre au volant, passer en même temps la première vitesse et la marche arrière, appuyer sur le frein et se demander ensuite pourquoi la voiture ne démarre pas… »Un point marque cependant un changement de cap significatif, à savoir « la création de conditions pour l’adoption de l’Euro ». Commentateur du journal Lidové noviny, Petr Kamberský précise cependant :
« Il s’agit d’un acte politique à caractère exclusivement déclaratif. L’euro ne sera pas adopté durant le mandat de cette coalition. Le gouvernement veut démontrer qu’il est pro-européen. Néanmoins, remplir les critères macroéconomiques pour l’adoption de la monnaie unique est une bonne chose à faire dans tous les cas, qu’on passe à l’Euro ou qu’on garde, tout comme les Suédois, notre belle couronne. »
Les Tchèques font néanmoins preuve d’un scepticisme devenu naturel lorsqu’ils se demandent combien de temps cette coalition pourra bien durer, quelques jours seulement après la nomination du gouvernement. Si certains restent persuadés qu’elle tiendra bon en raison d’une faible opposition d’un côté et d’un ennemi commun fort, à savoir le président de la République, le milieu journalistique se montre plutôt méfiant. Petr Kamberský :« Jusqu’ici, aucun gouvernement de coalition n’a réussi à aller au bout de son mandat sous le même Premier ministre. Il est donc très peu probable que celle-ci fasse exception à la règle, d’autant plus qu’il existe de profondes divisions au sein de cette coalition, la répartition de ses membres est très inégale et certains d’entre eux ont une très grande soif de pouvoir. »