97% des instituteurs sont des institutrices
Les femmes sont toujours très présentes dans les écoles primaires. Il s’agit d’un phénomène de longue date, qui touche de nombreux pays européens. Mais c’est bien en République tchèque, qu’il est le plus marquant, avec près de 97% de femmes dans le personnel enseignant dans le primaire, un chiffre record dans l’Union européenne.
« A vrai dire cela m’est égal que ce soit un homme ou une femme, même si l’homme a dans la plupart des cas une plus grande autorité. Et en même temps ils sont plus sévères. Les institutrices ont une approche plus individuelle à l’égard des élèves, et peut-être qu’elles peuvent mieux instruire. »
La directrice de cette même école pragoise, Jitka Kendíková, tente d’expliquer la raison de cette faible présence d’instituteurs à ce niveau du système éducatif :
« Il y aurait une demande, mais il n’y a pas d’offre. En réalité, les jeunes diplômés des facultés de pédagogie sont dans la majorité des cas des filles, donc il n’y a même pas de possibilité de choix ».Fait étonnant, dans la mesure où plus le niveau d’enseignement monte en degré, plus la présence des hommes est importante. Jana Halamová, de l’Agence nationale pour les programmes éducatifs européens, dévoile la situation en dehors des frontières tchèques :
« Les pays comme l’Italie, la Lituanie, la Hongrie ou la Slovénie se trouvent dans des situations semblables. A contrario, la Turquie se tient à une bien meilleure position, en enregistrant un taux de 52% de femmes institutrices au sein de l’enseignement primaire. En général, plus les enfants sont petits, plus il y a de femmes institutrices. »
Un des effets pervers de la féminité du corps professoral tchèque dans le primaire peut résider dans le risque de reproduire certains codes sociaux, que la société combat à d’autres niveaux. Selon Michal Müller, lui-même instituteur, les hommes ne se précipitent pas dans le milieu de l’éducation en raison des salaires peu élevés qui y sont pratiqués. Disposant d’un revenu supplémentaire lié à un second travail, il dévoile :
« Il est possible d’en survivre mais il est très difficile d’en vivre. Il est certain que je dois gagner ma vie, je fais des efforts tout au long de l’année. Mais tout est très limité par le temps. »
La présidente de l’Association des directeurs des écoles primaire, Hana Stýblová, nuance le bilan. Elle affirme que cette situation n’est pas uniquement le résultat de la reproduction sociale de structures stéréotypées, mais qu’elle est également issue du rôle peu valorisé attribué aux instituteurs par l’école et la société. Hana Stýblová explique :« Je crois que l’enseignement au sein des facultés pédagogiques n’est pas d’une qualité telle qu’il puisse impressionner les hommes, et leur donner envie d’exercer réellement le métier qu’ils sont en train d’étudier. Mais bien entendu, lorsqu’un homme se retrouve au sein de l’enseignement, un autre grand problème est celui de savoir comment un diplômé d’université est capable de nourrir sa famille. »Valoriser la profession d’instituteur et la filiale pédagogique auprès des hommes semble donc s’imposer. Depuis vingt ans, le chiffre des femmes au sein des postes universitaires n’a presque pas progressé et stagne toujours entre 10% et 20% selon les pays. Actuellement en Europe, il n’y a que 14% de femmes professeurs.