A Ostrava, les mineurs luttent pour sauver 3 500 emplois menacés
Les mineurs de la région de Moravie-Silésie ont déposé un préavis de grève pour le 17 septembre afin de protester contre la direction d’OKD (Ostravsko-karvinské doly – Mines d’Ostrava-Karviná), une importante société d’extraction de minerais basée à Ostrava. Les syndicats veulent manifester pour des salaires décents et surtout pour sauvegarder les emplois menacés de 3 500 mineurs. Une menace brandie par la direction d’OKD, qui prétend devoir faire face à d’importantes pertes d’argent au premier semestre 2013 en raison de la chute des prix du charbon.
Au premier semestre de cette année, la société minière a affiché une perte de quelque 10 milliards de couronnes (environ 400 millions d’euros), qui s’expliquerait notamment par la chute des prix du charbon. En conséquence de quoi, la firme, qui a déjà annoncé le licenciement de 250 personnes en juillet dernier, envisage de fermer la mine de Paskov, où travaillent 3 500 salariés. Láďa y est employé depuis dix ans et il ne comprend pas :
« La mine n’est pas déficitaire, je pense que c’est un problème qui vient de la direction. Je ne comprends pas pourquoi, tout à coup, les choses vont mal. J’espère que si l’activité se termine ici, on nous transférera au moins vers une autre mine, celle de Karviná. Mieux vaut être employé en-dessous que chômeur à la surface. »Les syndicats entendent lutter contre cette sombre perspective, synonyme de chômage et de misère sociale pour la région, et ont donc déposé un préavis de grève pour le 17 septembre prochain. Plusieurs centaines de personnes sont attendues pour manifester à Ostrava contre la direction d’OKD. D’autant plus que cette dernière veut également revoir les salaires de ses employés à la baisse, une ponction qui pourrait atteindre 20% selon différentes sources syndicales. Porte-parole de la société OKD, Marek Síbrt dément cette information et précise :
« Cette information sur une baisse planifiée des salaires de 20% n’a pas de fondement exact. Nous ne voulons pas aller vers une dévaluation des grilles de salaires. Nous aimerions plutôt discuter de la possibilité de limiter l’important système d’avantages dont les employés peuvent bénéficier, comme par exemple avec les treizième et quatorzième mois de salaire. »Cela revient sensiblement au même pour des syndicats qui se plaignent de la durée, plus d’un an, des négociations de ces conventions collectives sans que leurs différentes propositions aient été entendues. En réaction, la grève du 17 septembre vise également à obtenir des salaires décents. Le syndicaliste Jan Sábel développe ce qu’il entend par là :
« Si les employés d’OKD gagnent en moyenne plus ou moins 30 000 couronnes par mois (1 200 euros), les gens qui travaillent dans les mines ne touchent que 15 000 couronnes (600 euros). Bien sûr, ceux qui exploitent directement le charbon peuvent gagner plus, mais c’est au péril de leur santé et ils ne peuvent travailler à ces postes plus de quinze ans. Donc, de mon point de vue, moi qui ai travaillé dix ans à la mine, le salaire moyen devrait avoisiner les 50 000 couronnes (2 000 euros). »De nouvelles négociations, très certainement vouées à l’échec, entre l’équipe de la direction d’OKD et les syndicats devaient avoir lieu ce jeudi. Au vue des bénéfices réalisés par l’entreprise ces dernières années, une telle hausse des salaires ne semble pas choquante. Mais OKD aurait mal géré ces rentrées d’argent. On écoute Jan Sábel :
« La plupart des citoyens de ce pays savent que l’entreprise OKD a réalisé des bénéfices de l’ordre de 50 milliards de couronnes (deux milliards d’euros environ) et que ceux-ci ont été reversés sous forme de dividendes aux actionnaires. Le résultat, c’est que l’entreprise a contracté différents crédits et il lui manque maintenant de l’argent. »Ainsi, pour les syndicats, OKD, bénéficiaire sept ans durant, entend faire payer à ses salariés sa mauvaise anticipation des prix du marché et l’avidité de ses actionnaires. La manifestation à venir sera en conséquence également dirigée contre la société mère New World Resources, basée à Amsterdam et dont le conseil d’administration se déroule justement le 17 septembre.