La Prague Pride affiche ses couleurs du 12 au 18 août

Prague Pride 2012, photo:  Kristýna Maková

Pour la troisième année consécutive, la capitale tchèque accueille la Prague Pride, festival qui met en avant les communautés LGBT (lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres) et qui s’achève en apothéose par une marche des fiertés. Du 12 au 18 août, les Pragois et les autres peuvent ainsi découvrir des dizaines de manifestations articulées cette année autour du thème du coming out.

Prague Pride 2012,  photo:  Kristýna Maková
De l’aveu des organisateurs de la troisième édition de la Prague Pride, la principale difficulté pour cette édition 2013 a été de déterminer le tracé du traditionnel défilé, le point d’orgue du festival. L’île des Archers (Střelecký ostrov), où s’achevait la marche par différents concerts, est toujours fermée du fait des inondations survenues en juin dernier. Surtout, des organisations réactionnaires ont pris les devants pour manifester également le 17 août, jour de l’événement, sur le tracé des années précédentes. La marche des fiertés partira donc de la place Venceslas pour rejoindre la colline de Letná en traversant le vieux quartier juif, évitant ainsi les rassemblements du mouvement ultraconservateur DOST et des jeunesses chrétiennes. A la Radio tchèque, le directeur du festival, Czeslaw Walek, estime que du temps est encore nécessaire avant que ces événements estampillés gays ne suscitent plus l’ire de la frange la plus traditionnaliste de la société :

Czeslaw Walek,  photo: Achives de Radio Prague
« Nous allons devoir en quelque sorte encore souffrir quelques années avant que la Prague Pride puisse être normalement considérée comme faisant partie de la vie pragoise. En même temps, quand on regarde partout dans le monde, et notamment vers l’est, ces marches provoquent aussi des réactions des politiques et de la société civile, mais encore plus négatives. Lorsque l’opinion publique se sera habituée et prendra ces défilés comme par exemple ceux du 1er mai, je pense alors que tout ira bien. »

Quoi qu’il en soit, les organisateurs peuvent se féliciter du travail accompli en trois ans puisque la Prague Pride est désormais reconnue à l’échelle européenne. 40 000 personnes ont participé au festival l’an passé, dont 15 000 à la marche des fiertés, la « journée la plus chaude de l’année ». Pour cette édition, l’événement veut s’articuler autour du thème du coming out. Czeslaw Walek explique pourquoi :

« Nous pensons que c’est un thème important. Parce qu’il est vrai qu’on pense que tout est beau en Tchéquie et que tout le monde est out, surtout à Prague. Mais ensuite vous faites un sondage sur les sites iboys.cz et igirls.cz pour savoir combien de personnes sont vraiment out au travail et vous obtenez 11%. Et nous avons eu 700 réponses. Donc tout n’est pas rose chez nous… Peut-être que c’est un peu mieux à Prague qu’en dehors. Mais nous sommes convaincus qu’il faut parler du coming out et qu’il faut aborder ce thème sous différents aspects. »

Le slogan du festival pourrait se traduire ainsi : « Sortons nos couleurs du placard » (« Jdeme s barvou ven »). Czeslaw Walek développe :

« Nous voulons poser des questions sur le fait qu’en République tchèque, il n’y a toujours pas de politicien qui se soit publiquement déclaré gay. Nous allons évoquer le coming out dans le milieu professionnel : que doivent faire les employeurs afin que les gens se sentent plus eux-mêmes et puissent sans crainte dévoiler leur homosexualité ? Nous pensons que ce thème du coming out est très vaste. Nous aurons à nouveau une exposition de photos en grand format sur la piazzetta du Théâtre national qui montrera des gays, des lesbiennes ou des transgenres dans différents environnements de travail pour montrer que les gays, lesbiennes et transgenres peuvent être partout et c’est une bonne chose. »

Car outre la marche des fiertés, le festival propose de très nombreuses activités annexes telles que des débats, des projections de films ou des expositions. Une exposition intitulée « Transgender me » est d’ailleurs ouverte au public depuis le lundi 30 juillet. Les curieux peuvent y découvrir des cultures où la division genrée binaire entre les hommes et les femmes n’est pas la norme. C’est le cas en Inde par exemple avec les hijras. Commissaire d’une exposition où il expose également, l’artiste Lukáš Houdek en explique la genèse :

Lukáš Houdek,  photo: Ian Willoughby
« A l’origine, quand nous avons commencé à préparé l’exposition « Transgender me » il y a plusieurs années, nous voulions nous orienter vers la façon dont des cultures partout dans le monde reflètent le thème de la transsexualité. Mais ensuite nous nous sommes aperçus que nous pouvions trouver des éléments intéressants dans le contexte historique et géographique européen en jetant un œil à des époques passées comme le baroque par exemple. »

Vous pouvez retrouver plus d’informations sur cette exposition et sur le festival à l’adresse www.praguepride.cz.