Nomination d’un gouvernement d’experts : résolution de la crise politique ou nouvelle crise en vue ?
Après la chute du gouvernement tripartite, en raison de la démission du Premier ministre, Petr Nečas, la formation du gouvernement intérimaire d’experts crée polémique ces derniers jours. La tâche du nouveau Premier ministre s’avère plus que difficile, dans la mesure où la plupart des représentants politiques avaient dès sa nomination, catégoriquement refuser la constitution d’un gouvernement d’experts. Un gouvernement intérimaire qui semblerait, de fait, donner plus de pouvoirs, que ne le prévoit la constitution, au Président de la république.
« Je crois qu’il est nécessaire que le Ministère de l’Agriculture continue de fonctionner. Je suis très familier avec le domaine, au sein duquel j’ai travaillé un certain temps, c’est tout simplement mon travail ».
Marie Benešová, nommée ce jeudi, au poste de ministre de la Justice, semble déjà avoir une idée claire de son agenda ministériel :« Nous allons devoir avancer avec les règlements connexes du Code civil, où il est nécessaire que les efforts se poursuivent. Puis nous allons nous concentrer sur la loi relative au ministère public. »
D’autres personnes sont en train de considérer la proposition au poste de ministre : comme le diplomate Jan Kohout, pressenti au poste de ministre des Affaires étrangères ou Martin Holcát, l’actuel adjoint au Centre hospitalier universitaire Motol, pressenti au poste de ministre de la Santé. Or déjà avec cette première nomination, de nombreuses critiques jaillissent d’une part et d’autre, que ce soit du côté de la coalition, ou du côté du parti de l’opposition. La coalition tripartite, qui espère toujours que le gouvernement sera constitué une seconde fois, après un éventuel vote de défiance des députés, clame que le gouvernement commence à rassembler les camarades du Président Miloš Zeman. Quant au parti social-démocrate (ČSSD), il semble se diviser au fur et à mesure que les nominations aux postes ministériels se font publiques. Le président de ČSSD, Bohuslav Sobotka, a laissé savoir ce jeudi, qu’il incitait Marie Benešová, ancienne vice-présidente de ČSSD, à quitter le parti, car l’appartenance au gouvernement d’experts ne serait pas compatible avec son adhésion. Cette position a été suivie par d’autres membres du parti ČSSD, comme Jiří Dientsbier, le ministre de la Justice du cabinet fantôme de la social-démocratie :« Si nous, les sociaux démocrates, participons à ce gouvernement d’experts, nous allons être à la risée de tous. Car si quelqu’un de la social-démocratie fait valoir une politique d’un autre parti politique, dans ce cas, la politique du parti SPOZ, le Parti des droits des citoyens (le parti fondé par le Président Zeman, ndlr), il serait plus judicieux et plus honnête d’admettre la couleur de ce parti, et donc quitter le parti social-démocrate ».En réponse à ces menaces, issues de son propre parti, Marie Benešová, a de suite rétorqué :
« Je n’ai pas l’intention de changer de parti. C’est à la social-démocratie de s’adapter à cela. Moi je n’ai pas trahi son programme. »
Toutefois, le premier vice-président de ČSSD, Michal Hašek, appartenant à l’organisation sociale démocrate de la Bohême du Sud, a tenu à défendre Marie Benešová :
« Si des membres du parti social-démocrate voudraient accepter de faire partie de ce gouvernement, ce sera leur décision personnelle. Je ne voudrais vraiment pas que l’on commence à instruire les membres de la social-démocratie ».
Quant à la coalition, ses représentants se sont prononcés ce jeudi sur le refus absolu d’un gouvernement d’experts, en raison du caractère curieux et ambigu de ce gouvernement. Les représentants d’ODS et de TOP 09 soutiennent que le gouvernement qui est en train de se mettre en place commence à devenir de plus en plus « rouge », une couleur révélant l’appartenance ancienne au parti communiste de certains candidats ministériels, à commencer par le Premier ministre Jiří Rusnok, qui s’était auparavant porté candidat à l’adhésion. Jaromír Schling, pressenti au poste du ministre des Transports, ainsi que Jan Kohout déjà précité, avaient adhéré par le passé au parti communiste. Quant à Miroslav Toman, s’il n’a pas fait partie du parti communiste, son père avait été ministre de l’Agriculture pendant la normalisation, entre 1983 et 1988, sous la République socialiste tchécoslovaque. Toutefois, il a été révélé que Miroslav Toman avait financé la campagne présidentielle de Miloš Zeman, et ce poste de ministre serait ainsi issu d’un échange de bons procédés.Tous ces éléments témoignent d’un caractère assez incertain, versatile et douteux du gouvernement d’experts de Jiří Rusnok, lequel veut constituer le gouvernement au complet avant le début officiel des vacances, à savoir, le 1er juillet 2013.