Pour la première fois, une femme pressentie à la tête du gouvernement
Le parti civique démocrate (ODS) s’est mis d’accord, mercredi, pour proposer Miroslava Němcová à la succession du Premier ministre démissionnaire Petr Nečas. Accueillie favorablement par les autres formations de la coalition gouvernementale, cette désignation pourrait faire de l’actuelle présidente de la Chambre des députés la première femme à la tête d’un gouvernement tchèque. La décision finale appartient toutefois au chef de l’Etat Miloš Zeman, que Miroslava Němcová n’a pas manqué de critiquer par le passé.
C’est ainsi que Martin Kuba, le ministre de l’Industrie et du Commerce également chargé temporairement de la présidence de l’ODS suite à la défection de Petr Nečas de la plupart de ses fonctions politiques, a présenté celle qui pourrait bien devenir la première femme Premier ministre de l’histoire tchèque. Ironie du sort, c’est ce même Martin Kuba qui avait été initialement pressenti pour le poste, et le choix de Miroslava Němcová a donc surpris beaucoup de monde. L’ODS entend certainement se refaire une virginité morale avec cette femme qui appartient au cercle (très) fermé des personnalités ‘sans scandale(s)’ issues de cette formation, comme le note le quotidien Mladá fronta Dnes. Car l’affaire qui a mené Petr Necas à sa perte et dans laquelle il pourrait bien être impliqué (cf. les Faits et événements de mercredi) s’est rapprochée de certains cadres du parti. Un proche conseiller de Martin Kuba et du ministre de l’Agriculture, Petr Bendl, lui-aussi membre de l’ODS, a ainsi été arrêté en début de semaine.
Miroslava Němcová, 61 ans, députée quinze années durant à la Chambre basse du Parlement qu’elle préside désormais depuis juin 2010, a donc été désignée « à l’unanimité » selon Martin Kuba suite à des délibérés malgré tout « difficiles ». Interrogée à la Télévision tchèque, Miroslava Němcová est apparue déterminée à se mettre au travail, comme pour faire oublier au plus vite les tracas dans lesquels son parti est embourbé :« Les tâches les plus importantes qu’il convient d’accomplir peuvent sans doute se compter sur les doigts d’une main. D’abord, il faut sortir le pays de la mauvaise situation dans laquelle il se trouve notamment après les inondations. Il faut également s’occuper de la centaine de lois qui attendent à la Chambre des députés et qu’il est encore possible de faire adopter. Enfin, la troisième chose qui ne supporte pas de délai est la préparation du budget pour 2014. »
Si elle devient Premier ministre, Miroslava Němcová devrait donc sans surprise s’inscrire dans la politique de son prédécesseur. Son objectif sera également de faire revenir les électeurs vers l’ODS, une tâche pour le moins ardue avec des électeurs parfois lassés de la politique menée par le gouvernement et qui n’en finissent pas de fuir avec les affaires à répétition. C’est d’ailleurs à cette fin précise qu’est d’ores et déjà évoquée la possible élection à la tête du parti alors qu’elle devait sembler devoir rester son éternelle vice-présidente.
Les partenaires de la coalition, TOP 09 et LIDEM, ont accueilli plutôt avec bienveillance la désignation de Miroslava Němcová. Seul le ministre des Finances, l’incontournable Miroslav Kalousek (TOP 09), tout en saluant les qualités de sa collègue, a fait part de sa réserve :« Je ne cesse de m’étonner du talent de l’ODS pour faire surgir des problèmes. La désignation de Miroslava Němcová Premier ministre fait apparaitre le problème de trouver et surtout de faire accepter par un vote secret des députés un nouveau président à la Chambre basse du Parlement. On se débarrasse donc d’un problème pour en créer un autre. »
L’opposition a évidemment critiqué le choix de l’ODS, pointant du doigt l’inexpérience en matière économique de Miroslava Němcová. Surtout, la social-démocratie considère que la majorité actuelle a perdu tout soutien populaire depuis bien longtemps et réaffirme que l’organisation d’élections législatives anticipées serait l’issue la plus honorable à la crise.
Mais pour devenir la première Premier ministre de l’histoire de la République tchèque, Miroslava Němcová doit faire face à un obstacle plus massif. C’est en effet au président Milos Zeman que revient la charge de désigner le chef du gouvernement. Or, la première n’a pas manqué de critiquer le second, notamment lors de l’élection présidentielle de janvier dernier. Miroslava Němcová parlait même alors de « honte nationale » si Miloš Zeman remportait le suffrage populaire. Ce dernier, désormais chef de l’Etat, s’est refusé à tout commentaire, indiquant simplement ce jeudi matin qu’il réservait la primeur de son opinion sur Miroslava Němcová aux leaders des différents partis politiques qu’il doit rencontrer à partir de vendredi à lundi avant de prendre sa décision.