The Blue Effect : 45 ans de rock alternatif

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The Special Blue Effect, Modrý Effekt ou encore M Effekt, autant de noms pour ce groupe de rock tchèque, plus connu sous son patronyme d’usage Blue Effect, qui a traversé les âges pour n’en garder que le meilleur. Formé en 1968, année des espoirs déçus du socialisme à visage humain maté par l’invasion des troupes du Pacte de Varsovie, Blue Effect va devenir un élément phare de la scène tchécoslovaque des années 1970 et restera par la suite une référence. En témoigne le tube « Sluneční hrob » interprété par le chanteur Vladimír Mišík.

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Blue Effect n’a jamais disparu et continue encore à se produire régulièrement sur les scènes tchèques. Mais la formation des débuts a beaucoup évolué. Vladimír Mišík s’en est allé bien vite poursuivre une carrière solo et au début des années 1970 c’est le guitariste Radim Hladík, avec lequel il avait d’abord évolué au sein de la légendaire formation The Matadors, qui lui chipe la place de leader charismatique et qui signe la plupart des compositions musicales. Il est d’ailleurs le seul membre du groupe initial à être resté fidèle à son poste et le musicien âgé aujourd’hui de 66 ans n’a pas perdu la main si l’on en croit le morceau de bravoure que constitue « Čajovna » (Salon de thé en français), qu’il interprète sur la scène du Lucerna en mars 2007.

Nourris de diverses influences, les musiciens de Blue Effect ne se sont pas cantonnés au rythm & blues des origines mais se sont orientés vers de nombreuses autres pistes musicales. Le rock expérimental de cet effet bleu tchèque peut être mis en parallèle avec le fluide rose des Pink Floyd ou encore avec les compositions des Mayennais de The Shouters, qui n’ont certes pas la même notoriété. Mais Blue Effect a également porté ses instruments sur les rives du jazz rock. Et il nous faut retourner à la salle pragoise du Lucerna pour découvrir un petit bijou de 1971 « Má hra », un morceau instrumental interprété avec un véritable orchestre. La jeunesse chevelue de Blue Effect côtoie alors les crânes dégarnis et/ou grisonnants de leurs aînés.

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La chanson originale dure trois fois plus longtemps et est parue sur l’album Nová syntéza, enregistré avec l’Orchestre de jazz de la radio tchécoslovaque. A l’écoute de « Má hra », certains auditeurs ont pu se dire : « Tiens donc ! Cet air m’est familier ou alors je perds la boule. » Qu’ils se rassurent, il est probable qu’ils aient reconnu l’introduction utilisée une trentaine d’années plus tard dans le cadre du projet musical français One-T, une chanson qui a connu en 2003 un succès planétaire et répondant au nom de « The magic key ».

Pour terminer, nous vous laissons savourer Meditace, le premier réel album studio du groupe. Edité en 1970, il ne plaît pas à la censure qui juge les textes composés par Jaroslav Hutka en tchèque inadéquats idéologiquement. Zdeněk Rytíř est donc chargé de les réécrire alors que subsistent les chansons en anglais de la face B. Des ballades maîtrisées, des morceaux plus punchy et quelques évasions expérimentales forment l’armature de cette surprenante galette, qui sera rééditée au début des années 1990.