20 ans se sont écoulés depuis la déclaration d’indépendance de la Slovaquie
Le 17 juillet 1992, la Slovaquie faisait clairement entendre à son voisin tchèque qu’elle souhaitait son indépendance. En approuvant la Déclaration du Conseil national slovaque sur l’indépendance de la République slovaque, elle signait de facto la fin de l’Etat commun tchécoslovaque, issu de la Première guerre mondiale. Aujourd’hui les deux pays fonctionnent séparément, tout en entretenant des relations privilégiées.
« Je pense que c’est le résultat des élections des 5 et 6 juin 1992 qui est crucial. Les partis politiques slovaques qui étaient en faveur de la fédération les ont perdues. »
Les questions de la dénomination de l’Etat et de son symbole avaient déjà suscité des émotions au début des années 1990, suite à la chute du régime communiste. Pendant deux ans, les représentants politiques tchèques et slovaques n’étaient pas parvenus à accorder leurs violons sur un projet étatique concret. D’un côté, les Tchèques insistaient sur le principe d’une fédération avec des pouvoirs forts de chaque côté, tandis que les Slovaques, eux, voulaient des compétences élargies pour les deux républiques.La victoire aux élections de juin du parti civique ODS de Václav Klaus côté tchèque, et du Parti populaire HZDS de Vladimír Mečiar côté slovaque décide de la suite : les négociations entre les représentants des deux partis voient s’opposer deux points de vue irréconciliables. Le 17 juillet marque donc le début de la fin d’un projet d’Etat binational, né sur les ruines de l’empire austro-hongrois en 1918. Vojtěch Čelko :
« Quand la République tchécoslovaque est née en 1918, on parlait d’une nation tchécoslovaque unique, et pourtant il s’agissait de deux cultures politiques bien différentes. Les Tchèques avaient besoin de la Slovaquie car ils avaient besoin d’un corridor à l’Est au milieu d’un océan germanique. Mais après 1945, ce n’était plus aussi intéressant pour eux après l’expulsion des Allemands des Sudètes. Côté slovaque, la création de la Tchécoslovaquie a été d’une certaine façon salutaire, car la magyarisation de la Slovaquie était beaucoup trop forte. »Mais plus de 70 ans plus tard, toutes ces raisons n’avaient plus lieu d’être. Et certaines voix en Slovaquie se faisaient entendre pour que les Slovaques ne soient plus la cinquième roue du carrosse tchécoslovaque, ce que d’aucuns ressentaient parfois. La division de la Tchécoslovaquie, heureusement pacifique, sera entérinée au 1er janvier 1993. Elle a touché de nombreuses familles, souvent binationales, qui ont dès lors dû choisir leur nationalité.
Vingt ans après, certains, notamment côté tchèque, moins favorables dès le départ à la scission, sont nostalgiques de l’époque d’un Etat unique. Pourtant, la plupart s’accordent pour dire que les relations entre les deux pays n’ont jamais été aussi bonnes, comme le souligne Milan Kňažko, ancien vice-Premier ministre du gouvernement slovaque de Vladimír Mečiar.« Les relations mutuelles sont excellentes. Elles sont meilleures qu’elles ne l’ont jamais été, parce qu’il n’y a plus de raisons de conflit comme à l’époque où elles se dégradaient. Ca, c’est important. Tout ce qu’il y avait de bon entre nous auparavant est resté et a plutôt tendance à s’améliorer davantage. »
Et en effet, que demander de plus alors que l’on sait qu’à l’époque, au début des années 1990, plus au sud de l’Europe, la Yougoslavie postcommuniste se déchirait dans un bain de sang. Tchèques et Slovaques ont eux, choisi ce que l’on a appelé plus tard, un « divorce de velours », en référence à la « révolution de velours de 1989 ».