La fronde des syndicats contre la politique d’austérité se poursuit sur fond de crise politique
Les représentants de la Confédération tchéco-morave des unions syndicales (ČMKOS) se sont réunis, jeudi, afin de discuter des prochaines étapes de la protestation contre le gouvernement. Les syndicats pourraient appeler prochainement à la tenue de grèves dans les transports et à des manifestations de grande ampleur. Selon le chef des syndicats Luboš Pomajbík, les grèves pourraient commencer à la mi-mai. S’il n’a pas confirmé la date du début de la mobilisation, le président de la Confédération syndicale, Jaroslav Zavadil, a toutefois affirmé qu’elle pourrait être douloureuse.
Refusant de nouvelles négociations, le vice-président de la Confédération, Václav Pícl, appelle l’ensemble des responsables de la nouvelle plateforme civique « Stoppons le gouvernement » qui unit les syndicats et les responsables d’associations afin de forcer l’arrêt des réformes :
« Après la réaction des représentants du gouvernement à la suite de la manifestation de la semaine dernière, nous sommes convenus qu’il fallait continuer la mobilisation non seulement avec les syndicats mais également avec les initiatives citoyennes et les associations avec lesquelles a été fondée la plateforme ‘Stoppons le gouvernement’. Nous avons trois revendications : l’arrêt des réformes, la démission du gouvernement et l’organisation d’élections anticipées. Le gouvernement est obstiné dans les mesures qu’il prépare et nous ne voyons pas le sens de nouvelles négociations notamment en raison du fait que le gouvernement est incapable d’écouter des propositions différentes. En outre, ce gouvernement a perdu la confiance des citoyens et nous ne souhaitons pas qu’il continue d’imposer des réformes qui toucheront de manière écrasante la majorité de la population. »De son côté, respectant le droit de manifester, le gouvernement rétorque que si les mesures d’austérité ne sont pas engagées rapidement, l’Etat ne pourra pas assurer le maintien du système social dans les prochaines années. Le ministre du Travail Jaromír Drábek :
« Je dois reconnaître que le gouvernement est obstiné dans le renforcement et la consolidation des finances publiques. Si le gouvernement devait renoncer à ces objectifs, dans trois ans, les syndicats appelleront à la mobilisation contre la baisse des retraites, la baisse de la qualité des soins de santé, telle que nous la voyons dans plusieurs pays. C’est pour cela que le gouvernement est obstiné. » Le gouvernement mené par Petr Nečas est actuellement au centre de deux types de critiques qui motivent la mobilisation syndicale et citoyenne. La première porte sur le volet économique et la gestion des fonds publics. Les syndicats et les membres de l’opposition, les sociaux-démocrates du ČSSD en tête, reprochent au gouvernement de ne pas saisir pleinement les enjeux sociaux et économiques de la gestion du budget de l’Etat. Depuis plusieurs jours, les institutions financières internationales (FMI, BCE) craignent que les plans d’austérité étouffent les économies des Etats et recommandent aux gouvernements des politiques volontaristes en faveur de la croissance ; la récession du Royaume-Uni observée par les médias internationaux constitue l’un des exemples les plus frappants des limites des politiques d’austérité lorsqu’elles ne sont pas conjuguées à des mesures favorisant la croissance. Or, selon les syndicats, le gouvernement tchèque refuse de modifier sa politique économique qui, par de nombreux aspects, rappelle celle menée depuis Londres par James Cameron.La deuxième critique porte sur la place de l’éthique au sein d’un gouvernement rongé par des luttes intestines, des affaires de corruption et des manquements graves dans la gestion des affaires de l’Etat (gestion chaotique des fonds européens, lutte insuffisante contre la corruption) et dont la confiance et l’avenir seront soumis au vote des députés ce vendredi.