35 ans après la rédaction de la Charte 77, la République tchèque se souvient

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Du 12 au 18 mars, des expositions, des tables rondes, des représentations de théâtre se déroulent à Prague pour commémorer les 35 ans de la signature de la Charte 77.

Charte 77
La Charte 77 est une pétition rédigée en décembre 1976 par plusieurs intellectuels et dissidents dans laquelle les rédacteurs enjoignaient les responsables du régime communiste à respecter les engagements internationaux de la Tchécoslovaquie qui avait signé en 1973 les accords d’Helsinki sur les droits de l’homme en Europe. Cette initiative née en partie en réaction au procès du groupe de rock underground The Plastic People of the Universe a œuvré de 1977 à 1992, l’année du divorce tchécoslovaque.

Parmi les rédacteurs et premiers signataires du texte, on compte alors, entre autres, Jan Patočka, Jiří Němec, Václav Benda, Václav Havel, Zdeněk Mlynář ou encore Petr Uhl. Signer la Charte était un acte d’engagement risqué. Havel, Petr Uhl ont tous les deux purgé des peines de prison ; Jiří Němec, l’exil forcé. Le philosophe Jan Patočka est quant à lui décédé le 13 mars 1977 des suites d’un interrogatoire de la police politique.

En 1989, la pétition avait été signée par plus de 1 800 personnes. La Charte n’était pas une organisation formelle mais une communauté ouverte à tous sans distinction de foi et de conviction. C’est ce que rappelle l’historien de l’Institut pour l’étude des régimes totalitaires, Petr Blažek :

« C’était un regroupement unique qui a rassemblé des personnes qui partageaient des convictions, des confessions religieuses et des points de vue politiques différents. »

Depuis lundi, de nombreux événements commémorent le lancement, il y a 35 ans, de l’une des principales initiatives citoyennes d’opposition au régime communiste durant la normalisation tchécoslovaque. Une exposition sur la Charte 77 est présentée à la Galerie nationale. Des pièces de théâtre de Václav Havel, « La fête en plein air » et « Assainissement » seront jouées pour l’occasion. Ce mardi après-midi une messe sera donnée au cloître de Břevnov en mémoire de Jan Patočka, suivie d’une marche de piété vers le cimetière où il a été inhumé. Enfin, une série de séminaires auront lieu jusqu’au 18 mars à la Galerie nationale et à l’Université anglo-américaine de Prague où des spécialistes et des signataires rappelleront les conditions de la rédaction de la Charte 77, ses conséquences politiques ainsi que l’actualité de son message. C’est ce dernier aspect que rappelle Jiří Gruntorád qui est l’un des signataires de la Charte et l’un des organisateurs de cette semaine de commémoration.

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« Le contenu de la Charte est toujours d’actualité puisque les droits de l’homme sont indivisibles et qu’en outre, il ne sont pas respectés dans de nombreux pays ».

La Charte 77 a influencé les dissidents du monde entier. Son message universel est une source d’inspiration pour ceux qui ne veulent pas garder le silence devant la violence et le non-respect des droits de l’homme des régimes dictatoriaux. La Charte 77 a ainsi directement inspiré les dissidents chinois qui ont lancé en 2008 l’initiative Charte 08 et dont le contenu est similaire à la pétition rédigée 35 ans auparavant par les dissidents tchécoslovaques.