43 ans depuis la mort de Jan Palach
En de nombreux endroits du pays, les Tchèques commémorent ce lundi la mémoire du jeune étudiant Jan Palach qui s’est immolé par le feu, le 16 janvier 1969. Un geste de protestation contre l’occupation soviétique en Tchécoslovaquie visant aussi à pousser la société tchèque à réagir contre la présence militaire et l’apathie qui gagnait la société.
Sa tombe au cimetière d’Olšany à Prague est alors très vite devenue un lieu de recueillement. Pour éviter d’éventuelles commémorations, les autorités ont décidé d’exhumer, en 1974, les restes de sa dépouille, de les réduire en cendres et de les transférer dans le caveau familial à Všetaty au nord de Prague. C’est à la faveur du changement de régime en 1989 que l’urne de Jan Palach a retrouvé sa place dans le cimetière pragois.
Ces éléments nous montrent à quel point le geste tragique de l’étudiant revêt une importance symbolique pour la mémoire de la nation tchèque et slovaque et leur lutte pour la liberté. Le directeur du musée national Michal Lukeš rappelle le sens historique à donner à son sacrifice :
« Le geste de Jan Palach n’était pas seulement un acte de protestation contre l’occupation soviétique, mais une tentative pour réveiller les nations tchèque et slovaque et les sortir de leur léthargie. Mais c’était évidemment un acte de protestation contre le pouvoir totalitaire qui, à la suite de la détente des années 1960, a considérablement renforcé sa pression sur la société et écrasé les libertés humaines. »La question de la transmission mémorielle est l’un des aspects clefs de la figure héroïque de Jan Palach, notamment en raison du fait que durant la normalisation des années 1970 et 1980, les autorités communistes ont tenté d’évacuer des souvenirs collectifs, l’acte de l’étudiant. C’est ce qu’explique le directeur du Musée national qui est né en 1975 et qui n’a donc découvert l’histoire de Jan Palach qu’à la fin des années 1980 :
« Jan Palach était un grand tabou dans la société, personne n’en parlait et ça ne devait pas s’enseigner à l’école. Ma famille ne m’en a pas parlé quand j’étais jeune. Mes parents craignaient que j’en parle à mon tour à quelqu’un de l’école car ils auraient pu avoir de sérieux problèmes. Je n’avais que 13 ans lorsque j’ai appris cette histoire et j’ai été très choqué. Je souhaitais comprendre pourquoi il l’avait fait. »La nécessité d’en parler et de conserver le souvenir de l’acte héroïque de Jan Palach et de son symbole contre le totalitarisme est à l’origine d’un site internet créé par le Conseil des étudiants de la faculté des lettres de l’Université Charles. L’exposition numérique est disponible à partir d’aujourd’hui à l’adresse suivante www.janpalach.cz. On y trouve de nombreux documents iconographiques sur le jeune homme, des enregistrements audiovisuels montrant les réactions prononcées à la suite de son décès ainsi qu’une présentation de l’ensemble des lieux qui ont façonné la mémoire de Jan Palach.
Une seconde exposition est en cours de préparation à Všetaty près de Mělník dans la maison qui l’a vu naître. Une association a été créée dans le but de rassembler les différents documents qui seront exposés dans le futur musée. Les visiteurs pourront ainsi voir une reconstitution de la chambre de l’étudiant et visionner dans les autres pièces de la maison, des documents audiovisuels présentant l’atmosphère d’apathie et de peur qui caractérisait la fin des années 1960 et le début de la normalisation.