Fiona Gordon : « On a envie que nos films soient valables dans cent ans »

'La Fée'

Dans le cadre du Festival du Film français étaient invités Fiona Gordon et Dominique Abel, réalisateurs et acteurs issus du monde du théâtre corporel et de rue. Ils présentaient leur dernier opus, La Fée, qui sort en salles le 1er décembre. Découvrir les films de ces réalisateurs, c’est entrer se laisser emporter dans un autre monde du cinéma. Un monde où ne s’appliquent pas les règles du blockbuster au succès garanti, mais où règnent la poésie et le burlesque.

'La Fée'
Fiona Gordon, Dominique Abel, vous présentez votre film La Fée dans le cadre du Festival du Film français. J’allais dire que vous êtes un duo de réalisateurs, mais ce n’est pas vrai, puisqu’il y a un troisième compère qui n’est pas là…

FG : « Le troisième membre du groupe, c’est Bruno Romy, un Normand. Il ne parle pas l’anglais, donc souvent c’est nous qui faisons la promotion à l’étranger, tandis que lui se charge surtout de la France. Nous collaborons ensemble depuis pas mal d’années. »

Pourriez-vous présenter La Fée ? Et peut-on en fait réellement raconter vos films, car vos films ne se racontent pas, il faut les voir ?

'La Fée'
FG : « C’est un peu comme vous le dites. Toutes nos histoires sont assez simples afin de laisser de l’espace pour le jeu et pour que la fragilité des personnages puisse s’épanouir. Cette fois-ci, c’est l’histoire d’une espèce de fée, une fée un peu foireuse. D’ailleurs elle n’est peut-être pas une vraie fée. Mais elle se débrouille, car c’est une sorte d’humaniste inconsciente et courageuse qui essaye de faire du bien mais parfois fait du mal en faisant du bien. Un jour, elle voit depuis sa fenêtre un veilleur de nuit solitaire et décide de l’aider, ou peut-être tombe-t-elle amoureuse de lui et elle trouve donc un prétexte pour aller le rencontrer. »

'La Fée'
En tout cas, c’est le coup de foudre entre les deux personnages, il y a même un enfant qui naît de cette union. Ce qui est intéressant c’est que ces deux personnages, on les retrouve aussi dans votre précédent film L’Iceberg. Certes de manière différente, car il y a une autre alchimie dans le trio. Mais on dirait qu’il s’agit de personnages archétypaux qu’on retrouve de film en film…

DA : « C’est toujours nous. On est des clowns. Quand on est clown on n’essaye pas d’en imiter d’autres, ou de composer un personnage, on essaye d’utiliser ce qui nous différencie des autres et d’exposer notre propre maladresse, nos fragilités, nos bêtises. Comme on base notre écriture sur ces personnages, on les retrouve partout, mais dans des métiers et des relations différentes.

'L'Iceberg'
L’Iceberg, c’est le récit d’une crise : une femme qui a des enfants, un mari, qui réalise qu’elle n’est plus remarquée, qu’elle est transparente. Pour des raisons difficiles à expliquer elle part chercher un iceberg ; le mari se réveille se demande où elle est passée et se met à la suivre. Rumba qu’on a fait après, c’est un couple très heureux qui adore danser la danse latino, mais un jour arrive un accident terrible… »

Ce n’est pas parce qu’il y a une fée dans votre nouveau film, mais on a envie de dire que vos films sont plutôt des contes…

'Rumba'
FG : « C’est souvent des contes, des fables, on se détache un peu de l’actualité même si on utilise aussi les choses qui nous imprègnent dans l’actualité pour écrire. Mais on essaye de trouver un contexte plus large, moins défini pour pouvoir faire nos bêtises. On a envie aussi que ce soit valable dans 20 ans, dans 100 ans. »