Les éditions Albatros achèvent la traduction des Aventures de Tintin

tintin_a_alf_art.jpg

« Tintinova dobrodružství », « Les aventures de Tintin » en tchèque, sont enfin complètes. Les deux derniers des vingt-quatre volumes de la série viennent de sortir en tchèque au moment même où l’adaptation de Steven Spielberg fait couler beaucoup d’encre. A cette occasion, Radio Prague a rencontré Kateřina Vinšová, la traductrice des aventures du petit reporter.

Depuis le 25 octobre, les ‘tintinophiles’ de République tchèque peuvent voir leur collection de bandes dessinées enfin complète. En effet, la semaine dernière, parallèlement à la sortie de l’adaptation cinématographique de Tintin par Steven Spielberg, paraissaient les deux derniers volumes de la série traduits en tchèque. Le tout premier album « Tintin aux pays des Soviets » et le tout dernier, l’inachevé « Tintin et l’Alf-art », sont donc maintenant disponibles aux éditions Albatros. Il s’agit de l’aboutissement d’un travail de traduction de vingt-quatre volumes, débuté en 1994 par Kateřina Vinšová. Une publication tardive, rendue possible par la chute du régime communiste, comme l’explique Kateřina Vinšová:

« La traduction m’a été proposée il y a sept ans : j’ai donc passé sept ans avec Tintin. Il y avait, je crois, deux ou trois albums déjà traduits dans les années 90, par une autre maison d’édition tchèque, mais c’étaient des traductions faites à partir de l’anglais. Ce qui n’était pas logique, mais c’était comme ça. Avant les années 90, c’était difficile de publier Tintin, je pense, tout d’abord son album anti-soviétique, dans l’ancien régime ce n’était pas envisageable. »

L’œuvre de Hergé est indissociable de l’humour langagier incarné par les jurons du capitaine Haddock, ou encore des jeux de mots des Dupond et Dupont. Autant de difficultés qui se posent pour celui qui souhaite traduire les Aventures de Tintin dans une autre langue. Kateřina Vinšová nous décrit son travail de traduction :

Tintin et l’Alf-art
« D’abord il y avait les noms qu’il a fallu traduire, pas Tintin qui reste Tintin, mais j’ai quand même traduit ‘Milou’, j’ai laissé le ‘capitaine Haddock’. Mais les autres noms sont tous traduits, comme le ‘professeur Tournesol’ par exemple, qui ne fonctionnait pas en tchèque car c’est un nom féminin, ça ne marchait pas si je traduisais littéralement, alors j’ai trouvé une autre plante qui fait référence au fait qu’il soit sourd. Il y avait les jeux de mots, bien sûr, mais dans ce cas-là il fallait absolument trouver une solution parce que si vous traduisez tout simplement le sens sans y mettre l’humour, le côté comique, les images n’ont pas de sens, de raison d’être. Il faut absolument trouver quelque chose, c’est ça la difficulté de la traduction. Et il y avait les jurons du capitaine Haddock… mais c’est surtout ça qui est amusant dans mon travail, trouver les solutions pour tel ou tel problème. »

L’adaptation filmique de Spielberg, ‘Tintin et le secret de la licorne’, qui semble ne pas faire l’unanimité parmi la critique, souhaite faire découvrir le petit reporter au public américain qui ne le connaît pas encore. A l’inverse, Tintin semble populaire en Europe. Cependant, on peut se demander si l’œuvre de Hergé est universelle, voire même si elle vieillit bien et si elle est encore capable de nous faire rêver. Kateřina Vinšová :

Tintin et l’Alf-art
« Pour les Etats-Unis c’est peut-être différent. Sinon en Europe, il a été traduit partout, je crois, il est très connu et existe presque dans toutes les langues : en italien, en allemand … Les Allemands l’ont traduit très tôt et ont même traduit le nom de ‘Tintin’, je ne me rappelle plus comment il s’appelle en allemand, mais ce n’est pas Tintin en tout cas. Je pense que ça fonctionne. Vous avez peut-être raison de dire que c’est très francophone, français, belge… Mais les aventures sont internationales, elles visent surtout les garçons plus que les filles. Je pense que les lecteurs sont surtout des garçons. Mais je crois que Tintin a un peu vieilli par rapport aux bandes dessinées d’aujourd’hui, il intéresse donc surtout les amateurs de bandes dessinées, les collectionneurs, etc. »

L’œuvre de Hergé serait-elle donc maintenant réservée à quelques nostalgiques seulement ? N’oublions pas que Tintin en langue tchèque n’a que sept ans, ce qui peut laisser supposer qu’il a encore un public à conquérir et à faire rêver.