Bernard Courtot : « Je trouve dans la danse une énergie qui correspond à mon époque. »
Une soirée de gala a attiré ce jeudi au Théâtre national de Prague de nombreux amateurs du ballet. Ils sont venus pour assister au spectacle intitulé « Les Rois Soleil », spectacle qui a réuni dans le cadre d’une tournée internationale plusieurs danseurs solistes des meilleures troupes de ballet européens. Des duos et des scènes d’ensemble ont été interprétées entre autres par les danseurs du Bolchoï de Moscou, des célèbres troupes de Stuttgart et de Berlin, du Nederland Dans Theatre, de la Compagnie nationale de la Danse d’Espagne, etc. L’Opéra de Paris était représenté par un duo du chorégraphe Jean-Philippe Dury exécuté par Myriam Kamionka et Bernard Courtot. Ce dernier a répondu après le spectacle à quelques questions de Radio Prague.
« C’est une chorégraphie d’un danseur de l’Opéra national d’Espagne qui était à l’Opéra de Paris. Il a fait ce ‘fado’ sur une musique portugaise assez simple, finalement. Il n’y a pas beaucoup de technique, c’est basé sur l’émotion entre deux êtres. »
Il y a une inspiration folklorique ?
« Je ne suis pas sûr. Cela reste assez abstrait quand même et nous laisse beaucoup de liberté d’exprimer ce dont nous avons envie. Il y a des danseurs qui le voient plus mélancolique que d’autres, il y a des danseurs qui le voient plus folklorique, oui. Pour moi ça changeait tout au long de la tournée, l’émotion a changé. Ce soir il y a eu beaucoup d’émotion. Je ne sais pas si c’est la ville, si c’est le fait que c’est le dernier spectacle de la tournée… Il y a eu beaucoup d’émotion. »Vous dites que c’était le dernier spectacle de la tournée, dans quelles villes avez vous déjà dansé ?
« Bratislava et Budapest. »Il y a eu combien de spectacles ?
« Un seul dans chaque ville. On s’est tous rencontrés il y a peine dix jours, même pas, une semaine, dix jours. »
Pendant combien de temps avez-vous préparé ce spectacle ?
« On l’a préparé séparément. Nous, on a travaillé quand même un mois et demi sur les deux duos. Puis il faut travailler en même temps ailleurs, il faut danser ailleurs et préparer d’autres choses. »
Vous venez de danser au Théâtre national de Prague mais c’est un théâtre que vous connaissiez déjà…
« Oui, j’ai eu beaucoup d’émotion quand je suis revenu. J’ai reconnu des loges, la salle. Tout m’est revenu comme ça en quelques heures. »Avez-vous encore en mémoire vos productions au Théâtre national. Pouvez-vous évoquer ces spectacles ?
« C’était très intéressant quand je suis venu. C’était il y a quinze ans peut-être, dix ou quinze ans, et la ville était différente. La deuxième fois que je suis revenu j’ai vu que la ville et même la compagnie avaient vraiment changé. Avant il y avait eu une espèce de protection, quelque chose d’assez fermé mais d’assez chaleureux aussi et que j’avais bien aimé. C’était très intéressant. »
Et maintenant il y a un changement dans le sens positif ou négatif ?
« Je ne peux pas dire parce que je ne connais pas la situation assez bien. Il y a juste un grand changement. Même par rapport à la ville. J`ai vu que la ville s’est ouverte au monde. C’est clair. »Dans quels spectacles avez-vous dansé à Prague ?
« Dans ‘Giselle’ et dans un programme où j’ai dansé ‘La Tarentelle’ de Balanchine. Voilà, deux programmes très différents, peut-être avec une bonne dizaine d’années entre les deux, donc un changement de direction et donc de points de vue artistiques. Et c’était intéressant de voir où allait la République tchèque dans la danse, comment elle s’ouvrait un peu au répertoire du monde et aux danseurs internationaux. »
Vous préférez la danse classique ou la danse moderne ?
« Je ne préfère pas la danse classique, je ne préfère pas la danse moderne. Je suis arrivé dans ma carrière à danser les grands ballets du répertoire encore et encore en y trouvant une énergie qui correspond à mon époque. Et cela me fascine parce que je me demande pourquoi danser encore ‘Le Lac des cygnes’, pourquoi danser ‘Casse-noisettes’, pourquoi on en a encore besoin. On en a encore besoin parce que cela nous permet, à nous, les artistes, d’exprimer des choses qui sont essentielles dans la vie, qu’elles soient au XXe, au XVIIIe ou au XIXe siècle. Dans tous les siècles on a besoin de ces émotions-là. »