1er mai à Brno : défilé de l’extrême-droite et contre-manifestation
Le 1er mai est traditionnellement une date que l’extrême-droite choisit pour organiser des rassemblements et manifestations en République tchèque. Cette année, c’est à Brno, deuxième ville du pays, que la tension est montée, avec un défilé prévu par un parti d’extrême droite et une contre-manifestation, organisée par une plateforme d’ONG et d’associations. Radio Prague a joint Ondřej Daniel, membre d’une de ces associations.
« Plusieurs activités ont été organisées contre le défilé du Parti Ouvrier, une organisation qui a des liens avec des néonazis actifs. Chaque année ils font une manifestation, soit à Prague soit à Brno. Cette année c’était à Brno et ils ont choisi stratégiquement un quartier habité en majorité par des Roms, dans la rue Cejl. Les activités avaient pour but d’empêcher ce défilé d’entrer dans cette rue. Il y a eu un concert à côté du musée de la culture rom, qui est dans la rue parallèle, il y a eu un office religieux et des prières contre la violence pas loin, et des activités civiques d’une initiative intitulée Brno Blokuje (Brno bloque) avec en tout entre 800 et 1400 personnes selon les estimations. »
Est-ce qu’on peut considérer cette initiative comme un succès ?
« Un succès partiel. Un succès parce que le rassemblement a été totalement pacifique et non violent. Pas de violence de la part des manifestants ni de la police, ce qui est nouveau pour ce genre d’événement en République tchèque. Mais il y a eu aussi de la déception chez les contre-manifestants, parce que le défilé a quand même eu lieu, sans entrer dans la rue Cejl bloquée, mais en pénétrant quand même le quartier rom dans les rues adjacentes. »Avez-vous senti de la peur chez les Roms de Brno et les avez-vous sentis soulagés que d’autres viennent les soutenir ?
« Oui, ces sentiments-là ont été exprimés à plusieurs reprises. J’ai participé à plusieurs débats avant le 1er mai, notamment au musée de la culture rom où les Roms étaient touchés qu’on organise cela ensemble. Mais d’un autre côté, il y a à Brno la Jeunesse communiste, un mouvement staliniste qui a réussi à mobiliser les Roms les plus mécontents, chez les Roms Olah en grande partie, qui sont allés chercher la confrontation à proximité des néonazis. A la télévision on a pu voir certains de ces Roms crier « Les rues sont à nous ! ». Ce n’est pas représentatif et assez dangereux parce que c’est ce qu’un Tchèque moyen devant sa télé ne veut pas. »