Un 1er mai sous le signe des rassemblements anti-gouvernementaux
Comme dans de très nombreux pays du monde, la Fête du travail est synonyme de jour férié pour les Tchèques, mais aussi et surtout de rassemblements politiques. Aucun parti n’a manqué au rendez-vous bien que ce sont les formations de gauche qui se soient le plus mobilisées, avec en ligne de mire l’année électorale de 2014.
Comme de tradition, les partis de gauche tchèques organisaient des rassemblements, à commencer par les deux plus importants d’entre eux : le parti communiste (KSČM) et le parti social-démocrate (ČSSD). Les communistes se sont réunis mercredi matin au parc des expositions dans le quartier pragois d'Holešovice, les sociaux-démocrates leur ont succédés l’après-midi. Tous ont condamné la stricte politique d’austérité menée par Petr Nečas et son équipe. A Vyškov, au sud de la Moravie, où se tenait l’une des nombreuses manifestations de la sociale-démocratie, Bohuslav Sobotka, le chef du principal parti d’opposition, ne perdait pas de vue la perspective des élections législatives de 2014 en rappelant le bilan de la coalition gouvernementale au pouvoir :
« Nous avons des gouvernements de droite depuis sept ans en République tchèque. Lors des dernières élections, les partis de droite, que ce soient l’ODS ou TOP 09, ont promis qu’ils augmenteraient le niveau de vie, relanceraient l’économie, maîtriseraient la dette et n’augmenteraient pas les impôts. Malheureusement, la réalité est tout autre. Notre pays a la dette la plus importante de son histoire, nous sommes confrontés à la récession économique, le salaire réel diminue et le chômage augmente. » M. Sobotka en a profité pour rappeler qu’il ne souhaitait pas former de coalition avec les communistes en cas de victoire aux législatives. Il a toutefois envisagé l’idée que ces derniers puissent soutenir un gouvernement social-démocrate dans le cas où celui-ci serait minoritaire à la Chambre des députés. Le parti aux cerises rouges (l’emblème du parti communiste) accueillait par ailleurs un invité de marque en la personne de Milouš Jakeš, son dernier secrétaire général avant la Révolution de velours en 1989. Une présence qui n’est pas passée inaperçue : lors du petit rassemblement festif organisé par l’ODS sur la colline de Petřín, le maire de Prague, Bohuslav Svoboda, n’a pas manqué de condamner les difficultés qu’éprouvent le parti communiste à assumer son passé :« Notre KSČ n’a jamais réglé la question de son passé. Ils n’ont jamais dit ce qu’ils avaient fait, ce qui était mal. Ils ne se sont jamais excusés pour cela. »
Comme les communistes, les anarchistes souhaitent abolir la propriété, mais tout de suite, sans s’encombrer d’une dictature du prolétariat. Ils revendiquent l’héritage du Premier mai, qu’ils considèrent comme une fête libertaire. Aussi, ils étaient quelques centaines à défiler dans la capitale tchèque pour dénoncer le capitalisme. La manifestation s’est symboliquement achevé rue Pařižská, à Josefov, dans le quartier de la mode. On écoute l’un des participants :« Il s’agit de rappeler qu’il existe toujours une classe riche, des gens qui tout simplement possèdent des fortunes énormes quand d’autres n’ont même pas d’endroit où dormir. »
Mais la fête du Travail, c’est également l’occasion que choisissent les néo-nazis pour faire parler d’eux. Encadrés par le Parti des ouvriers pour la justice sociale (DSSS), un parti fascisant, ils étaient 300 à Přerov, une bourgade de Moravie, à vociférer contre l’Union européenne. Craignant les violences des années passées, un important dispositif policier de 700 hommes a été déployé mais finalement aucun incident n’a été déploré lors d’un premier mai somme toute relativement calme.