L’élite politique tchèque est divisée sur l’opportunité d’une intervention occidentale en Libye
L'ex-président Václav Havel a appelé à une opération militaire des pays occidentaux en Libye, en cas de poursuite de la guerre civile, dans une interview publiée dans l’édition de lundi du quotidien économique Hospodářské noviny. De son côté, le président en fonction, Václav Klaus, a exprimé son ferme désaccord, tandis que le gouvernement adopte une position prudente sur la question et refuse pour l’instant toute intervention armée.
Comme le rappelle Václav Klaus, ce n’est pas la première fois que les deux personnalités ont un avis opposé, en particulier lorsqu’il s’agit d’une intervention armée. Václav Havel avait soutenu l’intervention américaine en Irak en 2003, estimant alors que le régime irakien et ses « armes de destruction massive » constituaient une menace pour le monde. Le président Klaus pensait, lui, que la démocratie ne peut s’imposer de manière coercitive et qu’il était par conséquent contre l’intervention en Irak. Nous avons donc affaire à deux conceptions du monde radicalement opposées. L’ancien président semble attaché au concept du droit d’ingérence tandis que l’actuel pense que les interventions étrangères sont nuisibles et que les peuples doivent se libérer par eux-mêmes.
Par l’intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères, Karel Schwarzenberg, le gouvernement tchèque a accordé, ce mardi, un entretien au quotidien Lidové noviny. Le chef de la diplomatie se prononce à l’heure actuelle contre une intervention, il pense que c’est une affaire libyenne. Karel Schwarzenberg pense également qu’une intervention prématurée d’une armée étrangère ne ferait qu’aggraver les choses. Lundi, à la télévision tchèque, il a affirmé que Václav Havel ne disposait pas de toutes les dernières informations. Fin février déjà, le ministre des Affaires étrangères avait exprimé ses doutes sur la nature de l’opposition à Kadhafi :« Nous ne savons pas qui sera au pouvoir en Libye. Nous n’avons pas la moindre idée si un nouveau pouvoir se mettra en place. Il y a, paraît-il, une nouvelle autorité à Benghazi mais nous ne savons pas qui ils sont. »Les derniers événements donnent plutôt raison à Karel Schwarzenberg. L’issue des combats est toujours incertaine et même si les dernières informations font état d’un possible départ négocié de Kadhafi, la situation reste floue et n’aide pas les pays occidentaux dans leurs prises de décisions.