Bedřich Šupčík, première médaille d’or olympique pour la Tchécoslovaquie
C’est à la VIIIe Olympiade, organisée en 1924 à Paris, que Bedřich Šupčík a offert à la Tchécoslovaquie la première médaille d’or de son histoire. Une victoire que le gymnaste tchèque, né en octobre 1898 à Trumau près de Vienne, a remportée dans la discipline du grimper de corde. A la force de ses bras, il a grimpé les huit mètres dans un temps de 7,2 secondes.
« En 1900, aux Jeux olympiques de Paris, František Janda Suk a remporté une médaille d’argent au lancer du disque, donc en athlétisme. En ce qui concerne le record de Bedřich Šupčík, il faut dire que le grimper de corde à la force des bras était une discipline exigeante. Le départ était pris en position assise et le sportif grimpait uniquement à l’aide de ses bras sur une corde relativement longue. »
Bedřich Šupčík était issu d’une famille nombreuse et pauvre. Pour des raisons économiques il passe son enfance chez la sœur de son père en Moravie, dans la commune de Kvasice, dans la région de Kroměříž, où il commence également à se consacrer à des activités culturelles ainsi qu’à l’éducation physique au sein de l’unité Sokol (mouvement gymnastique nationaliste tchèque). L’éclatement de la Grande Guerre l’amène dans les rangs de l’armée. Le destin lui est favorable, il revient sain et sauf. Le jeune Bedřich trouve un poste au sein de la Société des mines et de la métallurgique à Brno. C’est à cette époque qu’ilil commence à se consacrer pleinement à l’éducation physique à l’unité Sokol Brno I. En 1924 il est sélectionné pour les Jeux olympiques d’été qui se déroulent à Paris au stade de Colombes. Il remporte la médaille d’or dans la discipline du grimper de corde à la force des bras et une autre de bronze dans le concours en plusieurs épreuves. Le grimpée à la force des bras est une discipline exceptionnelle qui n’a toutefois été introduite que quatre fois dans le programme des Jeux olympiques. Et c’est Vojtěch Scheinost qui nous en parle :
« Elle a été inscrite trois fois au programme comme discipline régulière et une dernière fois en 1932 comme compétition insérée pour sa popularité. Elle ne faisait donc plus partie de la compétition en gymnastique. Par contre, on peut dire qu’il est difficile d’évaluer un record au niveau du grimper olympique car la longueur de la corde différait d’une Olympiade à l’autre. A titre d’exemple, en 1924 à Paris la corde mesurait 8 mètres, en 1904 à Saint Louis 7,62 mètres, et à la première Olympiade à Athènes en 1896 la corde mesurait 14 mètres. »Bedřich Šupčík continue sa carrière sportive même après son mariage et être devenu père de famille. Mais il ne remporte que des victoires dans les concours en plusieurs épreuves comme soutien de l’équipe tchécoslovaque. Au Championnat du monde en 1931, l’équipe tchécoslovaque remporte la médaille d’argent dans le concours en plusieurs épreuves. Vojtěch Scheinost explique la raison de ce changement :
« J’ai discuté avec les témoins qui ont eu Bedřich Šupčík pour entraîneur. Ils disent que c’était un gymnaste exceptionnel, mais il est vrai que son plus grand avantage était la force de ses bras. Il avait de très bons résultats également dans les autres disciplines de la gymnastique mais il était vraiment exceptionnel dans le grimper de corde où il pouvait mettre en valeur ses qualités et dispositions. »Au retour du championnat, Bedřich Šupčík décide de mettre définitivement fin à sa carrière sportive. Il travaille comme entraîneur à l’unité Sokol, ensuite comme représentant commercial en vendant des extincteurs et finalement comme expert de la protection incendie à Prague. La vie sociale et familiale de l’ex-champion olympique est perturbée par une crise cardiaque aussi soudaine qu’inattendue. Pour échapper au stress et à la tension surchargeant son cœur, il quitte Prague pour s’installer à Horosedly, commune natale de son épouse. Mais même la vie paisible dans cet endroit tranquille n’empêchera malheureusement pas un second infarctus qui l’oblige à se retirer. Il s’adresse au Comité national d’éducation physique pour demander l’octroi d’une pension d’invalidité, mais sa demande est rejetée. Bedřich Šupčík essaie de gagner sa vie comme agent de sinistres. Ses tentatives tournent court suite à une troisième crise cardiaque, cette fois fatale. Le champion olympique meurt le 11 juillet 1957 à Horosedly.
Depuis 1993, le Mémorial Bedřich Šupčík en grimper de corde à la force des bras se tient chaque année à Příbram. Une plaque commémorative a été installée en octobre 2003 à Mirovice, là où se trouve également sa tombe.