Nouveau record en 2009 du nombre de nouveaux cas de séropositifs
157 nouveaux cas de séropositivité détectés en 2009 : cela ne correspond qu’à une petite dizaine de cas de plus par rapport à l’année précédente, mais ces nouvelles statistiques inquiètent parce qu’elles établissent un record. Jamais dans l’histoire de la République tchèque autant de nouveaux diagnostics de VIH n’avaient été comptabilisés. Pour les services sociaux et les associations de prévention, le sida ne fait plus peur en République tchèque.
1 344 personnes auraient été contaminées depuis le début de l’épidémie, c’est-à-dire au milieu des années 1980, date où les statistiques sur le Syndrome de l'ImmunoDéficience Acquise, ou sida, ont commencés à être menées en République tchèque. Le premier cas est recensé en 1986 et l’épidémie augmente régulièrement pour dépasser la barre des 1 000 séropositifs, et celles des 250 malades du sida en 2008. Selon le programme commun des Nations unies sur le sida – Onusida – les nouvelles infections au VIH ont baissé de 17% au cours des huit dernières années. Ces chiffres sont globaux et ne montrent pas les disparités régionales sur l’évolution de l’épidémie, mais ceux annoncés par la République tchèque semblent néanmoins aller à contre-courant. C’est l’ancienne ministre chargée des Droits de l’homme et actuelle coordinatrice du programme national de lutte contre le sida Džamila Stehlíková qui commente les chiffres de l’année 2009 :
« L’augmentation de nouveaux cas de VIH pour atteindre le chiffre record de 157 nouveaux cas par an est dû à des comportements sexuels irresponsables, notamment dans certains groupes, comme ceux des hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes, mais en même temps chez les jeunes en général. Cela veut dire que les Tchèques ont arrêté d’avoir peur du sida. Ils ne le voient plus comme une menace réelle et en quelque sorte, la jeune génération n’est plus éduquée dans la famille pour apprendre à respecter les règles d’une sexualité sans danger. »Le constat dressé par Miroslav Hlavatý, le directeur de la Maison de la lumière, une association qui offre l’asile aux malades du sida et où peuvent être effectués de façon anonyme les tests de séropositivité, n’est pas plus clément. Il rappelle également qu’il n’existe pas de vaccin ou de soins permettant de soigner le sida. On l’écoute :
« Il y a trois ou quatre ans, on s’est laissé bercer avec l’idée que la courbe de croissance s’était arrêtée et que l’augmentation n’était plus aussi frappante qu’avant. Nous devons maintenant compter sur le fait que chaque année sera pire que les précédentes, comme le montrent ces trois dernières années. Les jeunes n’ont pas cette épée de Damoclès comme l’a eue la génération de Freddie Mercury. Et cela crée des problèmes que l’on parle de l’efficacité de la tri-thérapie. Elle l’est effectivement, mais il est plus difficile de parler de prévention dans le sens où les gens pensent que si jamais quelque chose se passait, il y a la toute-puissante tri-thérapie. Or ce n’est pas le cas, comme le montrent les nouveaux chiffres des malades et des victimes du sida. »
Les organisations et associations engagées dans la lutte contre le sida mettent donc l’accent sur la prévention. Miroslav Hlavatý remarque néanmoins les difficultés que les associations ont pour se faire entendre :
« Le problème est que l’on devrait déjà parler ouvertement de sexualité dans les familles. Ensuite dans les écoles, nous avons envoyé en 2009, 5 823 lettres où nous proposons des tables rondes, des discussions avec des séropositifs, qui peuvent expliquer ce qu’est le sida. De ces 5 823 lettres sont nées seulement 344 réunions. Donc vous voyez que l’intérêt est limité. »En 2011, le programme national de lutte contre le sida va lancer une grande campagne dans le cadre d’une campagne européenne qui visera l’ensemble de la population en essayant de s’adresser aux groupes les plus touchés, notamment les homosexuels ou les migrants issus dans anciennes républiques soviétiques. Miroslav Hlavatý rappelle toutefois que tout le monde peut être touché par le virus du sida :
« Il ne faut pas s’imaginer que le sida ne toucherait que les personnes défavorisées et qu’on le remarque sur la personne. Réellement, la seule possibilité est d’avoir des relations sexuelles avec des préservatifs pendant deux mois, et de faire ensuite le test. Après, la vie peut être vécue sans préservatifs et sans crainte du sida, si aucune tierce personne n’intervient dans cette relation. »En 2009, 156 personnes sont mortes en République tchèque des suites du sida.