Le journaliste Ivan Medek s'est éteint
Ivan Medek, journaliste, musicologue, ancien dissident et ancien directeur du secrétariat de l’ex-président Václav Havel s’est éteint mercredi, à l’âge de 84 ans, « de vieillesse et des suites d’une maladie », a fait savoir son épouse.
Dans son enfance, Ivan Medek aura comme terrain de jeu le Mémorial de la libération nationale de Vitkov à Prague, futur mausolée dédié aux dirigeants communistes, dont son père est le directeur dans l’entre-deux guerres. Il est issu d’une famille qui compte d’illustres membres, comme le rappelle le journaliste Karel Hvížďala :
« Il était parent éloigné de Tomáš Masaryk, du peintre Slavíček. Son père était un symbole de la première république, ancien légionnaire pendant la Première guerre, mais également poète et écrivain. C’est aussi sans doute pour cette raison que Václav Havel l’a choisi pour son secrétariat car il connaissait la fonction des symboles en politique et il voulait établir une passerelle avec la Première république. »
Signataire de la Charte 77, ce spécialiste et amoureux de la musique classique soutiendra le groupe Plastic People of the Universe à son procès, alors même que leurs accords lui étaient par nature disgracieux. C’est à la suite d’un interrogatoire musclé mené par la StB qu’Ivan Medek décide d’émigrer en Autriche, où il sera le porte-parole de l’opposition tchécoslovaque à la radio Voice of America. L’ancien président Václav Havel se souvient :
« Il est venu me voir chez moi. Il m’a fait ses adieux. Il m’a dit qu’il espérait être encore utile. Nous savons tous combien il a été utile... Sans son travail à la radio Voice of America, la Charte 77 et tout le mouvement d’opposition n’auraient pas pu avoir le poids et la portée qu’ils ont eus. En tout cas, la communauté des journalistes aujourd’hui pourrait s’inspirer d’une chose chez lui : son attitude de gentleman. »Il y a quelques mois, la télévision tchèque avait pu s’entretenir avec Ivan Medek, déjà malade, et avait convoqué ses souvenirs à l’occasion des vingt ans de la révolution de velours. Depuis Vienne, l’ancien journaliste suivait les événements de l’époque en Tchécoslovaquie, et notamment la publication de la pétition Quelques phrases, qui fut signée par 40 000 personnes, du jamais vu depuis 1968. Ivan Medek s’était alors souvenu :
« Je trouvais que la pétition était un peu trop modérée. Parce qu’une fois de plus, elle ne faisait rien d’autre que d’appeler l’Etat à prendre en considération les gens. Mais malgré tout, je pensais qu’elle était juste. Personne ne s’attendait à ce qu’elle soit signée par des milliers de personnes. Parce que la Charte et les gens autour de Havel étaient très divisés. Mais quand elle a été publiée, on a soudain vu que les gens avaient du courage. Même toute la Philharmonie tchèque a signé la pétitition. Il paraît que ça a provoqué une vrai panique au Comité central. »Après 1989, Ivan Medek sera conseiller de la Philharmonie tchèque, du ministre de la Culture, avant d’exercer pendant cinq ans les fonctions de directeur du secrétariat du président Václav Havel.