Les photos magiques et oniriques de Tereza Vlčková
La galerie Lefebvre à Paris propose une exposition consacrée à la jeune photographe tchèque Tereza Vlčková. Jusqu’au 19 décembre la galerie propose une série intitulée « A perfect day, Elise... » qui met en scène des jeunes filles éthérées dans la nature, sortes d’archétype de la jeune fille parfaite, mais qui n’en dégagent pas moins un sentiment d’étrangeté, voire d’inquiétude. Romain Lefebvre, le galeriste, évoque le travail de Tereza Vlčková qu’il a décidé de faire connaître au public parisien.
« Elle a donc commencé avec ce cycle « A perfect day, Elise... », une thématique sur Alice au pays des merveilles. On y voit des jeunes filles lyriques voler en état d’apesanteur au-dessus des montagnes des Beskydes. C’est une série qu’elle a faite en 2007, où il y a un peu une sorte de magie slave, un aspect préraphaélite mais aussi un style issu de toutes la photographie tchèque des années 1930 comme Josef Sudek. C’est un ‘coup de cœur’ que j’ai eu. J’avais découvert ses photographies l’année dernière dans des magazines à Prague.
Elle a fait partie de pas mal de festivals à Prague, à Lille, aux rencontres d’Arles. Ensuite elle a réalisé la série des jumeaux : Two. Une série de petites filles, habillées un peu fashion, dans des paysages un peu magiques, avec des lumières très travaillées, un peu influencée par l’esthétique de réalisateurs comme Tim Burton ou Stanley Kubrick, ce dont elle ne se cache pas. Il y a une atmosphère assez particulière, assez surréaliste, mais uniquement en décor naturel. »Ce sont toujours des portraits de personnes et particulièrement de personnages féminins...
« Oui, elle est très orientée sur la gent féminine, plutôt d’un jeune âge, en tout cas pour la série des jumeaux. Pour la série ‘A perfect day, Elise...’, elles sont un peu plus vieilles, elles ont entre 16 et 17 ans. Elles ont toutes une sorte de jeunesse éternelle. Tereza Vlčková est toujours en quête de pureté, d’une femme idéale mais enfantine. C’est intéressant, ça rappelle en effet les Préraphaélites. Elles sont habitées. Avec ses lumières très fortes, elles apparaissent un peu comme des divinités, comme si elles étaient en connexion avec le divin. Il y a quelque chose d’extatique. En tout cas j’ai eu le coup de foudre : je trouve que ça se démarque de ce qu’on voit à l’heure actuelle. Ça échappe à la mode. »
Savez-vous comment elle travaille techniquement ?
« Il y a un peu de travail en studio ensuite, mais c’est quand même globalement des décors naturels. Elle fait un gros travail sur la lumière. Elle essaye d’avoir une approche de lumière de studio, mais en décor naturel. Evidemment Tereza veut garder ses petits secrets, ne pas tout dévoiler. Mais l’idée, c’est bien d’avoir une approche d’image de studio mais en décor naturel. On retrouve d’ailleurs dans la série Two un sentiment de décor en studio alors qu’on est en pleine forêt de Moravie. »
Sur la dernière série, il y a d’ailleurs un côté encore plus coloré...
« Sur la dernière série, qui représente cette enfant en maillot de bain, avec des ballons qui donne des carottes à des lamas, les couleurs sont très chaudes. On est en fin d’après-midi avec un soleil couchant et on a l’impression d’être en studio. »
C’est à la limite ou de la peinture extra-réaliste ou de l’image de synthèse...
« Oui, c’est ça. On est dans un mélange des deux. En même temps elle veut garder son approche naturelle et ne pas se fourvoyer en trop d’artifices tel Photoshop. A la base, c’est destiné à un ouvrage pour enfants. Il y a en effet un côté rêverie enfantine, proche d’Alice au pays des merveilles, même si par rapport à la série Perfect day, les couleurs sont beaucoup plus poussées. Pour moi, c’est vraiment l’âme slave. Il y a quelque chose d’ambigü, un sfumatto difficile à décrire qui me parle complètement et qu’on retrouve chez beaucoup de photographes tchèques. »