C’est par une grande cérémonie officielle et par la musique de Dvořák interprétée par l’Orchestre symphonique de la radiodiffusion tchèque qu’a été rouvert, ce dimanche, après une restauration soignée, le Monument national de Prague. L’édifice dont la géométrie austère domine la capitale du haut de la colline de Vítkov, est le témoin muet des grands tournants de l’histoire tchécoslovaque du XXe siècle.
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Construit dans les années trente en tant que symbole de la naissance de la Tchécoslovaquie et panthéon des légionnaires ayant lutté héroïquement sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale, le monument devait subir plus que les autres édifices officiels pragois les vicissitudes de l’histoire du pays. C’est ce qu’a rappelé lors de sa réouverture le président Václav Klaus :
Václav Klaus, photo: CTK
«En raison des tournants historiques du XXe siècle la perception de ce monument par le public différait parfois beaucoup de la première conception idéologique de ses créateurs. Leur première intention a sans doute été d’établir la tradition militaire du nouvel Etat. Leur objectif était en même temps de souligner l’esprit de cohésion ainsi que la conscience de l’identité et de la fierté nationales.»
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Pendant un temps, le monument de Vítkov a abrité les sessions du Parlement avant d’être reconverti en mausolée des leaders communistes à l’image des lieux du dernier repos de Lénine et de Staline sur la Place rouge à Moscou. Plusieurs artistes renommés ont été invités à orner ses intérieurs de leurs œuvres. Après la chute du communisme les tombeaux des dignitaires communistes ont été transférés ailleurs et on cherchait une nouvelle mission pour cet édifice, témoin de l’histoire. Selon le directeur du Musée national Michal Lukeš la nouvelle mission est maintenant trouvée:
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«Cette nouvelle conception repose sur trois piliers - la tradition, le musée, la culture. Notre objectif est de rendre au monument sa première signification, en tant que lieu qui est le symbole de l’Etat tchèque moderne et d’effacer la malédiction de l’abus totalitaire. Fait partie de ce monument le tombeau du soldat inconnu et nous avons restauré également sa cour d’honneur. Les cérémonies officielles peuvent donc revenir dans ce lieu traditionnel.»
Michal Lukeš, photo: CTK
Le bâtiment dont les lignes fonctionnalistes n’ont pas encore perdu une certaine modernité sera donc entre autres, d’après Michal Lukeš, un musée de l’histoire tchèque du XXe siècle:
«Le visiteur passera depuis la naissance de la République en 1918, par la fin de la Première république tchécoslovaque en 1938, par l’avènement du régime communiste en 1948 et par les années 1960, jusqu’à l’histoire moderne. A l’étage inférieur nous lui proposons une exposition intitulée ‘Le laboratoire du pouvoir’ que nous avons consacrée aux tristes années cinquante. Et nous avons préparé aussi une exposition temporaire qui retrace les quinze années du mandat du premier Président tchécoslovaque Tomáš Garrigue Masaryk.»
Les premiers visiteurs franchiront les portes du Monument national de Vítkov le jeudi 29 octobre.