Air France-KLM se retire de l’appel d’offres de Czech Airlines
Le transport aérien va mal dans le monde, et la République tchèque ne fait pas exception. Dernière mauvaise nouvelle en date : le retrait d’Air France-KLM de l’appel d’offres de Czech Airlines.
426 millions d’euros. C’est le montant des pertes qu’accuse le groupe Air France-KLM pour le dernier trimestre de l’année. Et la crise économique qui frappe de plein fouet l’entreprise et le secteur dans son ensemble a conduit le groupe à se retirer de l’appel d’offres de Czech Airlines.
Le ministre des Finances Eduard Janota a reconnu être au courant des problèmes d’Air France-KLM depuis trois semaines déjà. Le retrait d’Air France-KLM fait craindre à de nombreuses personnes une vente à la baisse de la compagnie aérienne tchèque, alors que seul le consortium Unimex Travel Service reste en lice. Mais le ministre des Finances n’envisage toutefois pas d’annuler l’appel d’offres :
« C’est un désavantage et dans une certaine mesure un problème. Néanmoins d’après la loi, je n’ai pas de raison légitime d’interrompre ce processus, sinon on risquerait une procédure d’abritrage. »
Dans son communiqué de presse, le groupe Air France-KLM précise souhaiter « renforcer le partenariat existant déjà entre le Groupe et la compagnie ČSA. »
Il n’en reste pas moins que c’est un coup dur pour la compagnie tchèque qui, elle aussi, se trouve dans le rouge avec 1,3 milliards de couronnes (50 millions d’euros) de pertes pour le dernier trimestre. Début août, la direction a d’ailleurs annoncé un plan de restructuration de l’entreprise, avec 860 licenciements prévus d’ici mars 2010. Autre symbole fort de cette crise interne : l’arrêt du seul vol long courrier de ČSA, Prague-New York, dès cet hiver. D’autres destinations seront probablement aussi abandonnées.
La situation critique de la compagnie nationale aérienne a conduit le syndicat des pilotes de la ČSA à envoyer jeudi une lettre ouverte au Premier ministre Jan Fischer. Dans ce document, les pilotes expriment leurs craintes d’une liquidation du transporteur aérien, suite notamment à la vente d’une partie de son patrimoine l’année passée.
C’est aussi ce qui dérange Cyril Svoboda, chef du parti chrétien-démocrate, alors même que c’est la coalition gouvernementale dont il faisait partie qui avait lancé la privatisation de Czech Airlines. Pour lui, vendre dans la conjoncture actuelle équivaut à brader la compagnie aérienne :« C’est une mauvaise solution. C’est une erreur de vendre le reste du patrimoine au moment où l’on procède à la privatisation de ČSA. C’est au futur acheteur de ČSA de le faire. Là, cela signifie que les règles du jeu changent en plein milieu, que la position de ČSA est affaiblie et qu’elle va se vendre pour une bouchée de pain. Nous sommes contre car cela va à l’encontre des intérêts de la République tchèque. »
Une chose est sûre, le retrait du groupe Air France-KLM complique sérieusement la privatisation de ČSA. Avec un seul potentiel acheteur, l’appel d’offres est désormais bancal. Certains experts estiment que le gouvernement ne doit pas pour autant stopper le processus de privatisation, mais par contre fixer une somme en dessous de laquelle il ne descendra pas.