Saucisson, fromage et vin français au pied du pont Charles
Le 14 juillet, c’est fête nationale en France. Les Français se remémorent l’un des grands évènements de leur histoire : la prise de la Bastille, temps fort de la Révolution de 1789. Et depuis deux ans, Prague aussi célèbre à sa manière le 14 juillet. Elle organise avec l’aide de l’ambassade un marché français sur l’île Kampa. Pour faire goûter du vin, du fromage, du saucisson et même de la tapenade, une spécialité du Sud de la France. Cette année encore, plus d’une vingtaine d’exposants étaient présents.
Un grand drapeau bleu blanc rouge à l’entrée, des bonjours échangés à tout va, le soleil et l’odeur de fromage : la France s’est bel et bien invitée à Prague pour faire son marché. Ajoutez un zeste de musique, et la célèbre chanson de Bourvil : "salade de fruits, jolie, jolie, jolie…", et on s’y croirait presque. C’est d’ailleurs cette ambiance qui a attiré Anne-Marie et Eddy Fournis. Ils viennent de Paris. Ils sont tombés par hasard sur le marché français, en l’apercevant depuis le pont Charles. Ils n’ont pas pu résister :
"Nous ne passons qu’une demi-journée à Prague, nous nous baladions et nous avons découvert ce marché français ; cela nous a fait plaisir de retrouver un petit peu de notre pays ! La gastronomie, le bon vin, etc., nous sommes heureux que la gastronomie française se répande à l’étranger."
Il est vrai qu’en République Tchèque, les produits français sont déjà bien connus. Mais ils ne le sont pas assez selon Bernard Boidin, chef de la mission économique à l’ambassade. C’est lui qui est à l’initiative de ce marché, il explique pourquoi :
"Je pense que les produits français n’ont pas encore toute leur place sur le marché tchèque. Peut-être que les Tchèques ont une fausse image de ces produits, pensent qu’ils sont trop chers. Et l’un des objectifs du marché français est aussi de montrer que les produits de l’épicerie, de la viticulture et de l’alimentation en général sont tout à fait accessibles au consommateur tchèque, quelque soit ses revenus."
Dans le marché, plusieurs produits séduisent beaucoup, comme le fromage ou le saucisson, si bien que certains stands se sont retrouvés à court de denrées le premier jour. Mais ce qui plaît le plus ce sont bien sûr les vins : sur la vingtaine de stands présents sur le marché, la moitié représentait un domaine viticole, d’Alsace, de Provence, mais aussi de Bordeaux. Ce sont des vins très différents de ceux produits en République tchèque. Ivo, importateur de vins français à Prague, explique :
"Le vin tchèque n’est pas mauvais et les Tchèques le font bien, mais les conditions de production du vin ne sont pas les mêmes. Les conditions sont bien meilleures en France, avec une meilleure terre et plus de soleil, surtout pour les vins du Sud. Pour ce qui est des vins rouges par exemple, on ne peut pas les comparer avec nos vins en Tchéquie."
C’est peut-être cette différence qui plaît aux consommateurs tchèques, qui se sont montrés, comme les touristes venus nombreux, très friands au cours de ces deux jours de marché. Mathieu Maskefa tenait pour la première fois un stand au marché français. Il est responsable export pour un viticulteur du Languedoc, dans le Sud de la France :
"Je pense qu’il y a une grosse attente en ce qui concerne les vins français, notamment les vins du Sud. En Tchéquie, il y a une gastronomie qui s’accorde facilement avec les vins français, avec des plats consistants. Il faut donc des vins qui tiennent la route, ce que nous proposons, et que les Tchèques apprécient."
Les producteurs sont donc repartis ravis, et les consommateurs aussi. D’autant plus que cette année les prix ont été revus à la baisse pour permettre à tous les consommateurs tchèques d’acheter des produits du terroir français. Et même s’ils ne l’ont pas fait, et c’est le principe du marché, ils ont tout de même pu goûter à chaque stand.