Les droits de l’homme : la Tchéquie a des retards à rattraper

Photo: Commission européenne

Le gouvernement de Jan Fischer a récemment approuvé le rapport sur les droits de l’homme en République tchèque. Une occasion pour la presse, de rappeler les retards à rattraper et les manquements qui existent dans ce domaine.

Photo: Commission européenne
La non adoption de la loi anti-discrimination est le principal handicap de la Tchéquie par rapport à l’Europe. Cette loi qui est obligatoire pour les membres de l'Union européenne n’a pu entrer en vigueur en dépit de son adoption par le Parlement, à cause du veto opposé à la loi préconisée par Bruxelles par le président tchèque Vaclav Klaus. La République tchèque est ainsi le dernier des 27 membres de l'UE à ne pas avoir adopté les mesures anti-discriminatoires qui conditionnaient, entre autres, son adhésion à l'Union européenne en 2004, sous réserve de sanctions pouvant s’élever jusqu’à des centaines de millions de couronnes.

Anne-Sophie Parent,  photo: ec.europa.eu
Le rapport fait en outre part des discriminations dont font l’objet les personnes âgées, sur le marché du travail notamment, ainsi que les femmes. Les soins et la protection qu’il y a lieu d’apporter aux personnes du troisième âge a d’ailleurs été le thème d’une conférence européenne qui s’est déroulée récemment à Prague. L’image des personnes âgées dans les médias est un des sujets que Radio Prague a abordé lors de l’entretien réalisé avec une des participantes à la conférence, Anne-Sophie Parent, directrice d’AGE, la plate-forme européenne des personnes âgées.

« L’image des personnes âgées dans les médias est loin d’être idéale. Ce n’est malheureusement pas le cas uniquement de la Tchéquie, c’est partout. Dans tous les pays membres de l’Union européenne, on a tendance à favoriser un certain jeunisme, donc on a tendance à ne montrer que les personnes jeunes, en bonne santé, actives, ayant toutes leurs capacités intellectuelles et physiques. Mais ce n’est pas que dans les médias. C’est la façon, dont toute la société est développée. Plus la société vieillit, moins elle est adaptée au vieillissement de la population. Donc, il est temps de changer les choses, temps de changer aussi l’image qu’on a des personnes âgées. S’il y a une certaine volonté, cela pourrait changer, mais cela va demander pas mal de temps ».

Photo: Commission européenne
Y a-t-il lieu de s’attendre à une tension plus prononcée entre générations ?

« On a déjà vu avant la crise économique actuelle, dans certains pays, des tensions effectivement entre groupes d’âge, et notamment des tensions qui étaient reprises par les politiciens qui mettaient les intérêts des jeunes contre les intérêts des personnes âgées. Certains allaient jusqu’à dire qu’il fallait arrêter de dépenser tant d’argent par exemple pour offrir une prothèse de hanche à une dame âgée qui était tombée, parce que ça coûtait très cher à la société. C’était un tournant qui nous a fait très peur et qui nous a encouragé à nous rapprocher d’associations des jeunes pour trouver des solutions qui soient bonnes pour tous ».

Les personnes âgées ont elles aussi leurs responsabilités…

Photo: Štěpánka Budková
« Effectivement, elles ont tendance à ne voir que leurs besoins, leurs besoins immédiats et ne voient les choses en leur ensemble, les besoins de la société aussi. Mais je crois que les mentalités commencent à changer. Avec la crise actuelle, les débats vont être d’autant plus difficiles, parce que plus les gens vivent longtemps, plus il faut leur payer des pensions longtemps. Donc il y a de vrais débats qu’il faut avoir et on ne peut pas les ignorer. Il faut trouver des solutions qui soient juste pour chacun ».

Le rapport sur la situation des droits de l’homme en Tchéquie constate également que la société ne protège pas assez les personnes ayant des revenus très bas et dont la situation se voit aggraver par la dérégulation du loyer, processus qui est en cours. Une législation concernant le logement de type social fait effectivement défaut à ce jour.

La loi « muselière » qui interdit aux médias de publier l’identité des victimes d’actes criminels graves et les informations provenant d’écoutes téléphoniques policières est également mentionnée dans le rapport. Selon les auteurs de ce dernier, la loi serait en contradiction avec le droit à l’information et à la liberté d’expression.