Un projet pour rapprocher les mondes chrétien et LGBT en Tchéquie reçoit le prix des droits de l’Homme
Une vingtaine de personnalités et d’organisations ont reçu, mardi, les prix décernés, pour la deuxième année consécutive, par la commissaire aux droits de l’Homme du gouvernement, Klára Šimáčková Laurenčíková, pour leur engagement dans ce domaine.
Parmi les récipiendaires du prix, on trouve Galyna Andreytsiv, directrice de « Pražský Majdan » (Maïdan de Prague), une des plus importantes ONG ukrainiennes en Tchéquie qui apporte son aide, depuis plus de dix ans, aux forces démocratiques en Ukraine, aux soldats et aux réfugiés. Un autre projet lancé en réaction à la guerre en Ukraine a également été récompensé : « Dobrodějna » est un centre d’aide humanitaire, destinée dans un premier temps uniquement aux réfugiés ukrainiens, mais qui a progressivement élargi son champ d’action :
« Au tout début, j’ai distribué de l’aide aux Ukrainiens. Les gens qui voulaient offrir des produits de première nécessité ou des objets et équipements dont ils n’avaient plus besoin continuaient à s’adresser à moi. Du coup, ma maison était trop petite pour abriter tout cela. Alors j’ai ouvert ce centre, où j’accueille des personnes dans le besoin, des Ukrainiens mais aussi des Tchèques, des mères célibataires par exemple. Actuellement, nous avons un registre de 3 000 personnes qui viennent régulièrement, pas tous les jours, parce qu’on ne pourrait pas se procurer autant de produits alimentaires qui sont les plus demandés, mais généralement une fois par semaine ou tous les quinze jours », explique Lenka Helena Koenigsmark, fondatrice du centre « Dobrodějna ».
Des personnes qui s’engagent en faveur des enfants de parents détenus, des victimes de violence domestique ou encore de jeunes qui quittent des foyers pour enfants ont été récompensés par la commissaire en charge des droits de l’Homme au sein du gouvernement.
Klára Šimáčková Laurenčíková a également remis un prix à Tobiáš Frýdl. Pour soutenir le mariage des couples homosexuels, finalement rejeté, en février dernier, par le Parlement tchèque, cet étudiant de la FAMU, l’école supérieure de cinéma de Prague, a lancé un projet inédit en Tchéquie, intitulé « Víra v barvách duhy » (La foi aux couleurs de l’arc-en-ciel). Il a interrogé 45 personnalités issues de l’Église catholique et de plusieurs églises protestantes du pays favorables au mariage pour tous, ainsi que des théologiens et spécialistes de la Bible. Ils expliquent leurs positions dans des entretiens vidéo publiés sur le site « Víra v barvách duhy ». Il y a un an, Tobiáš Frýdl a présenté son projet au micro de Radio Prague Int. :
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« Depuis longtemps, on mène un débat à ce sujet dans la société et dans le milieu chrétien. Or, les réactions des croyants et des représentants des Églises que l’on entend le plus sont celles qui jugent, critiquent, rejettent et évoquent l’enfer. Etant moi-même fils d’un pasteur de l’Eglise tchécoslovaque hussite, je sais pourtant que ces positions critiques envers les personnes LGBTQ+ ne sont pas majoritaires parmi les croyants et c’est ce que je souhaitais exprimer à travers ce projet. En même temps, je voulais montrer qu’être chrétien n’est pas un argument, cela ne doit pas être un moyen de dissimuler son homophobie. Bien sûr que l’on peut s’opposer au mariage pour tous, mais il faut alors que cette position soit argumentée. Dire simplement ‘parce que je suis chrétien’ ne suffit pas à mon avis. »
« Moi-même, je sentais une certaine réticence de la part de mes amis et collègues de la faculté : sachant que ma famille est chrétienne, ils pensaient automatiquement que j’étais conservateur et critique par rapport aux couples du même sexe. Ces idées reçues, qui ne correspondent absolument pas à la réalité, étaient aussi une des raisons pourquoi j’ai lancé ce projet. »
D’autres étudiants encore figurent parmi les lauréats des prix décernés à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’Homme : parmi eux, le collectif Peerko fondé par des étudiants en psychologie de l’Université Charles de Prague, pour apporter un soutien à leurs amis, collègues et professeurs touchés par la fusillade survenue il y a bientôt un an, le 21 décembre 2023, à la Faculté des Lettres et qui a fait 14 victimes.