"De quoi parle Sarkozy avec Topolanek?" : Reflex publie un "document secret"
Le magazine tchèque Reflex a obtenu une copie de ce qu’il affirme être la retranscription de la discussion entre Nicolas Sarkozy et Mirek Topolanek, à Paris, le 31 octobre dernier, au cours de leur dernier « déjeuner de travail ». Dans son éditorial, le rédacteur en chef de Reflex se félicite d’avoir obtenu ce document et prévient le lecteur tchèque qu’en le lisant « vous allez avoir l’impression que la délégation tchèque a négocié avec le représentant d’une civilisation extra-terrestre ».
Il est plus que rare de voir un tel document publié dans la presse, un document dont Reflex publie également la page de garde avec papier à en-tête de l’ambassade tchèque à Paris, datée du 5 novembre. Selon le quotidien Mladá fronta Dnes, Reflex a obtenu le document d'un "diplomate haut placé".
Plusieurs sujets sont abordés entre le président français et le premier ministre tchèque, et notamment la co-présidence de l’Union pour la Méditerranée, que Paris a tenu à conserver même après la fin de sa présidence européenne. « Tu sais ce que c’est d’être seul contre tous les Arabes ? De les avoir au téléphone ? Ils sont terribles, je te jure », dit Nicolas Sarkozy avant de poursuivre : « Le président algérien Bouteflika, le Tunisien, le roi marocain, la Lybie, Israël. Un travail fou ». De son côté, le premier ministre tchèque se montre compréhensif : « L’Union pour la Méditerranée est ton enfant, tu as été aux petits soins. Et sans l’alimentation française, ce bébé ne survivra pas ».Et le vice-premier ministre tchèque Alexandr Vondra file plus loin la métaphore : « Bien, nous aiderons la France à nourrir l’enfant de la Méditerranée. Et qui va donner à manger à l’Est ? L’Allemagne, la Suède, ou la Pologne ? ». « Ce sera la République tchèque , répond Sarkozy, vous pourrez toujours compter sur le soutien de la France.(...) Tu penses sérieusement que je donnerais la priorité à Angela ? ».
Il y a d’autres perles dans cette retranscription, et il y a fort à parier que la fuite de ce document ne va pas rester sans conséquences.
Dès jeudi midi, le chef de la diplomatie Karel Schwarzenberg a publié un communiqué d’excuse : « Visiblement, il y a eu une erreur dans notre administration, nous enquêtons sur l’affaire. J’en prends la responsabilité et nous présentons toutes nos excuses à la partie française pour cet incident embarrassant et inadmissible, et pour le fait qu’un tel texte trompeur ait pu être publié ».
Voilà pour les excuses. Pas encore de réaction côté français à l’heure où nous diffusons, mais on n’est pas loin de l’incident diplomatique.
L’ambassadeur tchèque à Paris, Pavel Fischer, a tenu à souligner qu’il était « présent à toutes les rencontres avec le président français » et qu’il « ne reconnaissait pas le texte » de cette retranscription. Selon la CTK, Alexandr Vondra a lui aussi contesté l'authenticité du texte.