L’exposition « Beautiful people et la blessure secrète » fait escale à Prague
« Beautiful people et la blessure secrète » est une exposition collective qui vient d’ouvrir ses portes au deuxième étage de l’ancien Hôtel de ville de Prague. Elle est à découvrir jusqu’au 18 janvier prochain... Hilde Teerlinck est la directrice du Fonds Regional d'Art Contemporain (FRAC) Nord-Pas-de-Calais d’où proviennent les œuvres exposées.
Pourriez-vous nous présenter cette exposition ?
« C’est une exposition organisée par le FRAC Nord-Pas-de-Calais. C’est une institution en France qui a une collection d’art contemporain. En France, il y a 22 FRAC, chaque région a son FRAC avec son fonds international. Le but c’est de montrer les œuvres d’art à un public le plus large possible, en région et internationalement. C’est pour cette raison-là qu’on est aujourd’hui à Prague pour cette exposition. C’est une invitation qu’on a faite au commissaire d’exposition Miguel Bardajil qui est critique d’art à Barcelone à qui on a demandé de jeter un regard sur la collection. Je pense qu’une collection a besoin de multiples regards, surtout une collection d’art contemporain. Lui est venu avec une sélection d’œuvres dont la majorité sont de la vidéo et de la photo qui tournent autour de, et la thématique le dit : ‘Beautiful people et la blessure secrète’. »
Alors c’est quoi justement cette ‘blessure secrète’. Pourriez-vous élucider le paradoxe de ce titre ?
« Oui. Ça parle du corps et de la représentation du corps et de la beauté. D’autre part ça parle de la blessure secrète. C’est une référence à Jean Genet qui disait que c’est ce qui est caché derrière la beauté : l’attraction, la séduction, la fragilité, la rupture. Si on regarde la sélection des oeuvres, je dirais presque qu’on est confronté au premier plan avec tout ce qui est la séduction, le désir. Tout ce que dit Jean Genet et qu’il appelle la ‘blessure secrète’. Et la beauté ne vient qu’en deuxième plan pour moi. C’est en fait l’identité de la personne qu’on retrouve dans l’intimité, dans la blessure qui forme notre caractère, notre personne. »
Il y a beaucoup d’artistes qui sont exposés ici, et pour le public tchèque, mentionnons qu’il y a deux artistes tchèques représentés : un qui est malheureusement disparu, Jiří Kolář, poète et collagiste, et Josef Koudelka, connu notamment pour ses photos de l’invasion soviétique en 1968, mais pas seulement...
« Tout à fait, Jiří Kolář, c’est une pièce qui est dans la collection depuis 20 ans. C’est une très belle pièce, elle va très bien avec l’exposition parce que c’est un portrait, une peinture d’Ingres. Ingres a toujours voulu styliser, faire les femmes plus fines, plus maigres, plus élégantes. Jiří Kolář, lui, a manipulé l’image pour justement l’élargir et rendre le portrait plus rond, exagérer l’effet. C’est vraiment une très belle pièce. Koudelka a eu une toute autre trajectoire, il a vécu longtemps en France et a travaillé pour l’agence Magnum. C’est un très grand photographe. On présente là quelques photos qu’il a prises fin 1960-début 1970. »