Le Traité de Lisbonne : Prague fait la difficile
Après l’adoption du Traité de Lisbonne par le Parlement suédois, la République tchèque demeure désormais le seul pays des vingt-sept à ne pas avoir encore soumis ce document au processus de ratification.
« La situation actuelle est telle que nous nous présentons comme des partenaires qui ne sont pas dignes de confiance. Nos collègues à l’Union européenne ne savent pas ce que la République tchèque pense vraiment, puisqu’elle diffuse des signes assez chaotiques : le Premier ministre et le chef de la diplomatie signent le Traité de Lisbonne, tandis que le président de la République le critique, et la coalition gouvernementale elle-même ne sait pas comment s’y prendre. »
A près de six semaines du début de la présidence tchèque de l’Union européenne, la controverse existe à ce sujet notamment au sein du principal parti gouvernemental, le Parti civique démocrate (ODS), entre le Premier ministre Mirek Topolánek et chef de l’ODS, et Pavel Bém, numéro deux du parti qui aspire au poste de chef de cette principale formation de l’actuelle coalition gouvernementale. Mirek Topolánek, de concert avec la majorité des électeurs et des membres de ce parti, est partisan du « oui ». Selon une déclaration qu’il a faite récemment pour le quotidien Mlada fronta Dnes, la République tchèque n’a que deux possibilités : soit adopter le Traité de Lisbonne soit redevenir un vassal de Moscou. Il explique :« En dépit de tous les problèmes qui y sont liés – j’ai d’ailleurs été auparavant assez critique au sujet du Traité, ainsi qu’au sujet de la Constitution européenne – je pense qu’il est plus avantageux pour nous de pouvoir influencer activement les choses que de rester passivement à la périphérie ».
Pavel Bém qui disputera son duel avec Mirek Topolánek au congrès de l’ODS le 5 décembre, privilégie une autre vision : le refus du Traité de Lisbonne et l’ouverture d’un débat, lors de la prochaine présidence tchèque, sur un document beaucoup plus court qui le remplacerait et « qui serait compréhensible pour tout un chacun ». Ce discours a certes tout pour plaire au président eurosceptique Vaclav Klaus, qui d’ailleurs soutient ouvertement le courant de Pavel Bém. Pour le chef de la diplomatie tchèque Karel Schwarzenberg cependant, ces propos trahissent l’inexpérience du maire de Prague en politique européenne.