Festival du documentaire de Jihlava : une plateforme entre Est et Ouest
Jihlava, c’est la ville où a grandi Gustav Mahler. Mais depuis 12 ans, c’est aussi le lieu de rendez-vous annuel du documentaire de l’Europe centrale. Etre une plateforme d’échange où se rencontrent les profesionnels du documentaire de l’Est et de l’Ouest, c’est l’ambition de ce festival qui se déroule cette année du 24 au 29 octobre, comme l’explique le directeur du festival Marek Hovorka :
« Comme la RT se trouve un peu à la frontière entre l’Europe de l’ouest et de l’est, nous essayons de nous présenter comme une plateforme depuis le début. C’est pour cela que nous avons créé un ‘marché des documentaires d’Europe de l’est’. Jusque-là, il n’y avait pas d’endroit où voir les productions de l’année passée. C’est un bon moyen pour que ces films trouvent une place dans les programmes occidentaux, américains. Autre lieu de rencontre : le Forum de l’Europe de l’est, qui rassemble les réalisateurs et producteurs d’Europe de l’est qui présentent leurs nouveaux films à des représentants de la télé qui recherchent le film qui pourra être intégré à leur programmation. »
Au festival du documentaire de Jihlava, trois sections proposent des films en compétition : Opus Bonum qui rassemble des films du monde entier, sélectionnés pour leur qualité thématique ou esthétique, Entre les mers qui présentent les meilleures oeuvres d’Europe centrale et de l’Est, et la Joie tchèque qui propose une sélection des toutes dernières productions tchèques. Parmi celles-ci, on retrouve d’ailleurs cette année ‘René’ de Helena Třeštíková, qui, vous le savez, vient de recevoir le Prix Arte du meilleur documentaire, ou encore Noël en Bosnie, le dernier petit opus cinglant du duo de choc Klusák-Remunda, à qui l’on doit le fameux Rêve tchèque, récompensé il y a quelques années à Jihlava. Avec quelque 25 000 spectateurs l’an dernier, le festival peut se targuer d’avoir réussi à relever le défi d’attirer festivaliers et professionnels dans une petite ville de province, loin du tumulte de la capitale. Qu’est-ce qui justement joue en faveur du festival ? Réponse de Michal Procházka, critique de cinéma au quotidien Právo :« Je crois qu’il faut d’abord revenir à l’époque où le festival a été fondé. Ce qui est important c’est qu’il s’agit d’un festival qui a été fondé par des étudiants de la FAMU, qui ont essayé de créer quelque chose qui fonctionnerait pour le cinéma documentaire parce que rien de tel n’existait à l’époque. Le fait qu’il s’agisse de jeunes gens, d’étudiants amateurs de cinéma, est très important. C’est un festival sans vedettes, sans aspect commercial. Je crois que c’est un festival qui essaye de donner la place à l’alternatif, à l’avant-garde, à ce qui sort du lot en République tchèque. C’est aussi le point de départ pour beaucoup de cinéastes et étudiants tchèques qui ont ainsi l’occasion de présenter leur premier film, leur premier documentaire ou même leur premier film expérimental. C’est un festival très ouvert, très démocratique qui permet la rencontre entre le public, et les réalisateurs. Il y a une ambiance et une atmosphère assez libérale et informelle. »
Retrouvez le festival de Jihlava et d’autres intervenants, dans la rubrique culturelle de dimanche prochain.