80 ans de Pavel Kohout, dramaturge tchèque le plus international
Un homme de controverse. Voilà l’étiquette que l’on attribue couramment à Pavel Kohout, écrivain et dramaturge qui a fêté ce dimanche ses 80 ans et qui est l’auteur tchèque le plus joué sur les scènes internationales.
Une des personnalités incontournables de la littérature tchèque de la deuxième moitié du XXe siècle, Pavel Kohout est à la fois le témoin et le protagoniste d’une époque déchirée en Europe centrale et orientale par le communisme. Après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, il fait partie de ces intellectuels séduits par les idées imposées par le régime nouvellement instauré et s’investissent à corps perdu à son service.
Dans les années 1950, le poète Pavel Kohout se fait le chantre de la propagande communiste stalinienne, travaille comme attaché culturel à Moscou. Aujourd’hui, il ne veut pas gommer cette phase de sa vie, comme le font tant bien que mal certains de ses confrères. Il l’a expliqué dans un documentaire diffusé par la Télévision tchèque, ce qu’il a d’ailleurs déjà fait maintes fois auparavant. :
« Je pense que je ne peux pas me repentir en tant que citoyen sans tenir compte de tout ce que j’ai fait. Je tiens à montrer que tout peut arriver. Si des choses pareilles arrivent, ce n’est pas parce que tous les gens déclinent intellectuellement, mais parce qu’il y a des moments et des situations historiques où ces choses entrent dans la logique de l’Histoire – rappelons la crise économique, le souvenir du Traité de Munich, la libération du pays par l’Armée rouge. D’un coup, dans cette situation, les gens se sont dits, nous voulons autre chose. Et nous, on s’est laissé emporté et il s’est avéré ensuite que c’était une erreur. »
La deuxième moitié des années 1950 voit Pavel Kohout « se réveiller. » Toujours membre du parti communiste, car c’est selon lui « l’unique plate-forme permettant de réaliser des changements non sanglants », il devient en 1968 un des acteurs du Printemps de Prague. Après son écrasement, il quitte le parti, se met du côté des dissidents persécutés, co-initie la fameuse Charte 77. Deux ans plus tard, les autorités communistes l’empêchent de retourner dans son pays après l’avoir autorisé à séjourner pendant un an à Vienne. Il s’installe dès lors avec sa femme en Autriche et collabore avec le Burgtheater.Pavel Kohout a à son compte plus de dix romans et une quarantaine de pièces ou d’adaptations théâtrales qui se jouent dans le pays et sur des scènes mondiales. Il est lauréat de plusieurs prix autrichiens et allemands en récompense notamment de sa contribution à l’organisation du Festival de théâtre de langue allemande qui se tient régulièrement à Prague. Il partage sa vie entre Vienne et Prague, éloigné désormais, discrètement, de tout engagement politique.