Première d'Argippo, l'opéra perdu de Vivaldi, samedi au Château de Prague
Evénement important samedi soir au Château de Prague : la première contemporaine d’Argippo, un opéra d’Antonio Vivaldi que l’on croyait perdu depuis près de 300 ans. C’était sans compter avec la détermination du chef d’orchestre tchèque Ondřej Macek, qui a retrouvé la partition de cet opéra dans des archives privées, à Ratisbonne en Allemagne.
Argippo : un opéra composé par Antonio Vivaldi à la fin des années 1720, perdu depuis près de 300 ans et retrouvé par ce chef tchèque de 37 ans dans les archives de la famille Thurn und Taxis qu’il a déniché ce trésor. La découverte de sa vie :
« C’est certainement la découverte de ma vie. Avec mon orchestre, en général, nous jouons de la musique de chambre peu connue. Mais un opéra de Vivaldi, en plus écrit pour Prague, ça n’arrive pas tous les jours ! En fait je considère cette œuvre comme l’opéra pragois le plus important avant la première de Don Giovanni ici. »
Effectivement, Argippo est très lié à la capitale tchèque. La première de cet opéra a eu lieu en 1730 dans le théâtre du Comte Sporck, un mécène pour lequel Vivaldi a composé plusieurs opéras. D’Argippo, on ne connaissait que le livret conservé jusqu’ici à la bibliothèque nationale de Prague. Ondřej Macek nous a résumé l’histoire :
« C’est une histoire assez passionnante qui se déroule à Agra dans le nord de l’Inde. Une princesse aime deux princes mais en choisit finalement un. Celui qu’elle n’a pas choisi trouve un stratagème pour l’épouser quand même, et s’ensuit toute une série de péripéties. Argippo est le nom du personnage principal, pour nous le rôle sera interprété par une mezzo-soprano. Il a été écrit pour un castra, ce dont nous ne disposons évidemment pas... »La découverte d’Ondřej Macek a très vite été authentifiée par le prestigieux Insitut Vivaldi de Venise. Francesco Fanna en est le directeur :
« Quand Macek m’a parlé de ça, je l’ai tout de suite invité à venir à notre congrès international. Toute nouvelle découverte de musique de Vivaldi est très importante bien sûr. La musique d’Argippo était perdue. Macek a retrouvé sept arias de cet opéra, c’est exceptionnel, peut-être qu’on retrouvera les autres arias, mais pour le moment c’est tout ce qu’on connaît d’Argippo de Vivaldi. »
Ondřej Macek a retrouvé les deux tiers de la partition originale d’Argippo. Depuis plus d’un an, il tente de reconstituer le reste :
« Environ un tiers de la partition a été complété par mes soins. J’ai dû étudier toutes les partitions des opéras de Vivaldi, ce qui m’a été rendu possible grâce à l’aide de l’Institut Vivaldi, où dans une seule pièce sont réunies toutes ses partitions. Mais ce n’était pas une mince affaire, j’y ai passé beaucoup de temps, il faut de la patience. Je suis plutôt satisfait du résultat, j’espère que le public le sera autant que moi. »
Après la première contemporaine d’Argippo samedi soir dans la salle espagnole du Château de Prague, l’opéra sera donné dans le théâtre baroque de Český Krumlov avant des représentations exceptionnelles à Venise.