La psychiatrie sociale s'est donnée rendez-vous à Prague
Près de mille spécialistes de tous les coins du monde se sont donnés récemment rendez-vous à Prague, pour se pencher, lors d'un Congrès mondial, sur les défis et les enjeux de la psychiatrie sociale dans un monde globalisé. Pour en savoir plus sur cette discipline de la psychiatrie générale, écoutons Eliot Sorel de la George Washington University.
« La psychiatrie sociale est une branche qui s'occupe des relations entre les gens, du point de vue de la santé et de la maladie, du point de vue de la santé publique, de la prévention... Son rôle ne cesse d'augmenter à cause des problèmes et des conflits qui apparaissent dans le monde presque partout, dans les pays en développement, mais aussi dans les pays développés. Il y a des conflits familiaux, des conflits entre les nations, des conflits liés au décalage économique entre les gens... Il y a d'autres facteurs à risque, par exemple l'implication des jeunes, enfants et adolescents, dans les guerres - on se bat en Asie, en Afrique et ailleurs - la pauvreté, la marginalisation des femmes. Tout cela contribue aux conflits sociaux qui ont des conséquences sociales et aussi psychologiques. La psychiatrie sociale peut jouer un rôle pour la guérison, mais on a surtout besoin d'une stratégie nationale et globale pour la prévention, pour la prévention des conflits... Il est difficile de dire si les maladies psychiques et mentales sont maintenant plus fréquentes. On a les meilleures méthodes maintenant pour identifier les maladies mentales. Et on vient de faire une grande enquête mondiale concernant ces maladies dans les pays développés et en développement. On aura les résultats dans un ou dans deux ans. On a impliqué une cinquantaine de pays, l'Europe de l'Est, de l'Ouest, l'Asie, les Amériques, l'Australie. C'est donc à l'issue de cette enquête que l'on aura une réponse à cette question, je crois ».
La situation en République tchèque est-elle identique à celle qui existe dans ce domaine ailleurs ? Ecoutons le professeur Jiri Raboch.
« La République tchèque demeure heureusement à l'écart des grandes catastrophes naturelles, bien que nous ayons connu nous aussi certaines catastrophes, moins dévastatrices pourtant que celles que connaît l'Asie du sud-ouest par exemple, le problème de la pauvreté ne nous touche pas encore, la migration ne constitue pas non plus un grand problème... Cela dit, la République tchèque connaît nombre de problèmes à caractère social, découlant surtout de l'incertitude sur le marché du travail. Ces problèmes deviennent de plus en plus pesants. A noter aussi le problème de la violence. Au cours des quinze dernières années, les actes de violences sont en hausse. La violence domestique devient un thème d'actualité... »
Dans un monde en transformation, les facteurs à risque sont multiples. Autant de tâches et d'opportunités pour la psychiatrie sociale.