Désamour entre les Tchèques et l’Union européenne
La méfiance des Tchèques à l’égard de l’Union européenne est de plus en plus importante. C’est le constat de deux articles dont cette nouvelle revue de presse vous présentera les grandes lignes. Les parents tchèques ont désormais tendance à soutenir leurs enfants même lorsqu’ils deviennent adultes et indépendants ; tel est un autre sujet qui y sera traité. Quelques mots enfin à propos des défis auxquels fait face la psychiatrie tchèque et de la réforme dont la discipline fera prochainement l’objet.
« Le sentiment de n’avoir que peu d’influence sur les décisions et les délibérations qui se déroulent au sein de l’Union européenne ainsi que le sentiment de n’avoir que très peu d’importance. Telles sont, selon cette enquête, les causes principales de l’approche négative et de la colère des Tchèques qui les empêchent de voir d’un œil objectif les choses positives que l’Union apporte. Or, des quatre pays de ce groupe, c’est la Tchéquie qui est le pays le plus enclin à un éventuel départ. Et pourtant, après la chute du régime communiste, les Tchèques ont profondément souhaité devenir un des pays membres. Aujourd’hui, ils vivent mieux que jamais dans leur histoire, ils sont en sécurité et assurés comme jamais auparavant. Partout dans le pays, on rencontre des exemples de choses bâties ou rénovées grâce à l’argent européen. Toutefois, il semble que les gens prennent tout ceci comme une évidence, comme une obligation qui engage les pays riches à l’égard de ceux qui le sont moins. »
Cet état des choses semble à mettre sur le compte de politiciens faibles qui n’arrivent pas à s’imposer sur la scène internationale ou encore qui ne suivent que leurs intérêts personnels. En outre, le climat est marqué par des propos hostile et très critiques de certains dirigeants politiques à l’encontre de Bruxelles qui attisent chez les gens ce complexe d’infériorité et cette colère. En effet, on n’entend sur la scène politique locale que très peu de voix clairement favorables à la construction européenne. En conclusion, l’auteur de l’analyse mise en ligne sur le site aktuálně.cz remarque :
« L’enquête en question démontre le faible niveau d’information d’une grande partie des citoyens, ainsi que leur incapacité de penser dans le temps long. Elle témoigne également du fait qu’ils ne réalisent pas que l’épanouissement de la Tchéquie a un rapport étroit avec le soutien de l’Union européenne. »
Pour une nouvelle force « pro-européenne »
Un texte, également consacré à ce sujet et publié dans l’hebdomadaire Respekt, constate que ceux parmi les Tchèques qui souhaitent que le pays demeure solidement ancré au monde occidental sont sur la défensive. Considérant qu’il n’y a pas au sein de la société tchèque de force qui voudrait mettre en avant des positions favorables à la construction européenne, son auteur propose de constituer une organisation de masse ayant pour but de faire valoir l’idée d’une Tchéquie démocratique et solidement ancrée à l’Union européenne et à l’OTAN. Il détaille :« Cette organisation serait appelée à mener un dialogue avec la population afin de persuader au fur et à mesure ceux qui n’ont qu’une idée vague sur la position du pays au sein de l’Union européenne. Financée grâce aux cotisations de ses membres, elle serait gérée par une équipe professionnelle et disposerait de filiales dans les régions et d’un conseil administratif composé de représentants du monde des affaires, de la politique, des associations à but non lucratif, des Eglises et de la culture. »
En Tchéquie, les questions nationales de grande importance sont discutées uniquement sur la scène politique, dans les médias et dans les brasseries. Et pourquoi ne pourraient-elles pas l’être, aussi, au sein d’une organisation forte et déterminée, s’interroge l’auteur de cette note publiée dans l’hebdomadaire Respekt.
30 ans, l’âge de l’indépendance financière des jeunes Tchèques
Fini le temps où les parents tchèques offraient à leurs enfants de l’argent seulement jusqu’à la fin de leurs études ou jusqu’à ce que ceux-ci atteignent l’âge adulte. Désormais, ils ont tendance à soutenir leur progéniture de plus en plus longtemps. C’est ce que constate un texte publié dans le quotidien économique Hospodářské noviny rédigé sur la base de données recueillies par la banque ČSOB. On y lit :« Il s’avère qu’assez fréquemment les parents tchèques accordent à leurs enfants un soutien même lorsque ceux-ci gagnent déjà leur vie, sous forme d’une aide financière ou sous la forme de l’achat de différents biens. D’après ce que cette étude révèle, la moitié des parents sont prêts à offrir de l'argent à leurs enfants dès qu’ils quittent la ‘maison familiale’. Un jeune Tchèque sur sept reçoit de ses parents un appartement ou une maison. C’est donc une situation foncièrement différente de la pratique courante dans le passé où les jeunes étaient contraints d’édifier eux-mêmes les bases de leur situation matérielle. »
Aujourd’hui, l’âge limite de l’indépendance financière se situe en Tchéquie autour de trente ans. La situation varie cependant d’une région à l’autre. Il n’est pas étonnant que ce soit à Prague, où les salaires sont les plus élevés et les possibilités de logement les plus limitées, que les jeunes sont les plus ‘gâtés’ par leurs parents. Une approche très différente existe notamment en Moravie et dans le nord de la Bohême. Le texte publié dans le quotidien Hospodářské noviny signale enfin :
« Il y a peu de gens qui rendent cette aide à leurs parents plus tard. D’après les résultats d’un sondage international effectué par l’agence Ipsos, seulement 12% des Tchèques ont envoyé régulièrement de l’argent à l’un de leurs parents en 2016. Un score plus bas que celui enregistré dans les autres pays examinés, comme la Slovaquie ou la Bulgarie. »
Bientôt une réforme de la psychiatrie tchèque
Le nombre d’experts en psychiatrie est largement insuffisant, tandis que le nombre de malades souffrant de troubles psychiques est en augmentation en Tchéquie. Martin Anders, le président de la Société psychiatrique, s’est exprimé à ce sujet dans un entretien pour le quotidien Mladá fronta Dnes :« Les gens sont mieux renseignés sur les troubles psychiques et ne se sentent pas autant stigmatisés par un tel diagnostic que par le passé. Voilà pourquoi, ils n’hésitent plus à venir consulter un psychologue ou un psychiatre. D’un autre côté, il y a aujourd’hui de plus en plus de clients qui souffrent de toute sorte de troubles névrotiques et d’angoisses. Mais le problème est que, souvent, le malade qui souffre d’un trouble aigu et qui a besoin d’une aide urgente, n’a pas la possibilité d’en avoir, faute de spécialistes disponibles. A titre d’illustration, il suffit d’indiquer qu’au cours des quinze dernières années, le nombre de malades qui demandent une consultation dans un cabinet psychiatrique a augmenté de 80%, tandis que le nombre de psychiatres est resté pratiquement inchangé. »
La réforme envisagée dans ce domaine propose entre autres de mettre en place des « Centres de santé mentale », des organismes multidisciplinaires réunissant psychiatres, infirmières, travailleurs sociaux, des professionnels appelés à exercer leur activité sur place et également sur le terrain. Elle prévoit aussi une augmentation du financement des soins psychiatriques qui permettrait d’améliorer leur qualité. D’après les propos du psychiatre Martin Anders pour le quotidien Mladá fronta Dnes, il s’agit en outre d’augmenter l’attractivité de la psychiatrie pour les étudiants en médecine. Pour l’instant, leur intérêt pour cette spécialisation demeure très faible.