Le 1er mai en Tchéquie: entre canons à eau et fleurs
Le Premier mai en République tchèque est la fête du travail et de l'amour. Ce mardi, les célébrations de la fête ont cependant été également marquées par l'intolérance et l'agressivité. La police a été notamment contrainte d'intervenir contre des manifestations organisées à Prague et Brno.
«Il est évident que le défilé que nous pouvons suivre se réfère à des symboles nazis du IIIe Reich. Ces symboles sont autant d'appels à la violation des droits et des libertés des citoyens. Je pense donc que de tels défilés ne devraient pas être organisés à Brno. La ville de Brno ne veut pas assister à ce genre de manifestations. »
Des policiers en tenue de combat et des unités équestres sont intervenus contre les manifestants en utilisant des canons à eau. Les néonazis, eux, ont répondu par des jets de pierres et de pétards. Six policiers et deux photographes ont été blessées et six manifestants écroués. Selon Martin Ander, l'intervention a été conforme à la loi sur le rassemblement :« Je ne pense pas qu'il faille limiter le droit au rassemblement des citoyens de République tchèque à cause de quelques centaines de néonazis. La loi est, certes, libérale, mais elle permet, et nous le voyons ici, d'interdire une manifestation à partir du moment où il devient évident que celle-ci dégénère en des appels à la violation des droits de l'homme, des libertés, etc. »
A Prague, environ deux cents membres du mouvement anarchiste se sont rassemblés devant le monument aux victimes du communisme. En scandant des slogans antifascistes, ils se sont ensuite mis en marche vers le Pont des Légions, où ils ont été arrêtés par un cordon policier et un canon à eau.Une trentaine de membres du mouvement nationaliste d'extrême droite était déjà réunie sur l'Ile Strelecky située au-dessous du Pont des Légions. Pour permettre à ces extrémistes de se mettre en marche vers l'ambassade des Etats-Unis, défilé autorisé par les organes compétents, la police a été obligée de repousser les anarchistes rassemblés sur le pont. Cette opération conflictuelle s'est soldée par trois dizaines d'arrestations.
Des manifestations moins violentes ont cependant également été organisées. Un millier de personnes, parmi lesquelles le Premier ministre Mirek Topolanek, ont participé, sur l'esplanade de Letna, à une manifestation contre le communisme. Les participants ont appelé, entre autres, à la dissolution du Parti communiste de Bohême et de Moravie. Les communistes, eux, s'étaient rassemblés au Parc des Expositions. 5000 personnes ont pris part à cette grande fête populaire. Le chef du parti, Vojtech Filip, s'en est pris dans son discours au gouvernement tchèque actuel ainsi qu'à ceux qui refusent de célébrer la Fête du Travail :« Ceux qui refusent cette fête le font par peur. Ils craignent de ne pas être capables de gagner leur vie sans exploiter le travail des autres. Ils ne peuvent donc pas célébrer cette fête avec nous. »Les amoureux de Prague, eux, se sont donné rendez-vous, comme le veut la tradition, dans le parc de Petrin pour se donner un baiser sous un arbre fleuri et pour visiter le monument du poète de l'amour Karel Hynek Macha.