Instabilité politique: pas d'impact sur l'économie tchèque... pour l'instant
La République tchèque n'a pas eu de gouvernement viable pendant 230 jours. A l'heure où nous enregistrons cette émission, un vote crucial se déroule à la chambre des députés, un vote à l'issue duquel le gouvernement pourrait enfin obtenir la confiance du Parlement. En cas de résultat négatif, ce serait un retour à la case départ. Alors quel impact ont eu ces huit mois de flottement politique sur l'économie tchèque ?
Pour parler avec nous aujourd'hui de ces conséquences, nous avons en ligne le professeur Kamil Janacek, économiste en chef de la Komercni banka, filiale du groupe Société générale en République tchèque.
M. Janacek, est-ce que l'économie tchèque a été frappée, négativement ou même peut-être positivement, par le flou politique qui persiste depuis les élections législatives du mois de juin dernier ?
« Jusqu'à maintenant, il n'y a aucun problème en ce qui concerne le développement économique et le sentiment des investisseurs étrangers. La croissance du PIB est aux alentours de 6%, les investissements étrangers continuent d'affluer en République tchèque. L'économie fonctionne normalement. 85% du PIB tchèque est produit par le secteur privé, et les institutions publiques fonctionnent normalement. »
« Naturellement, si l'incertitude politique dure jusqu'à Pâques par exemple, cela pourrait provoquer des perturbations, disons de l'incertitude sur les marchés financiers et toucher la couronne tchèque. Jusqu'à maintenant la couronne est forte et les développements politiques n'ont pas eu d'influence sur le taux de change. »Donc une année ou presque d'instablité politique reste sans impact sur l'économie ?
« Jusqu'à maintenant non. Mais, vous le savez, nous sommes très intéressés par l'utilisation des fonds de cohésion et des fonds structurels européens. La période budgétaire 2007-2013 commence maintenant, et de ce côté l'incertitude politique pourrait négativement influencé l'utilisation de ces fonds. C'est la raison pour laquelle j'espère que le gouvernement tchèque va être enfin approuvé par le Parlement tchèque. »
Vous parliez des fonds européens, est-ce que ce flou politique ne va pas entraîner des probèmes concernant l'entrée dans la zone Euro, déjà retardée jusqu'à 2012 ?
« Je crois que c'est clair. Mais cela ne dépend pas réellement de ce gouvernement, je crois que c'est un problème plus profond. Pendant les huit dernières années, les gouvernements sociaux-démocrates n'ont pas eu le courage d'entamer les réformes nécessaires des finances publiques, notamment les réformes du système de santé et des retraites. Il faut tout d'abord aboutir à un accord général entre les partis politiques, et commencer après avec ces réformes. Seulement après la première étape de ces réformes, on pourra discuter de la date de l'adoption de l'euro. »Vous êtes économiste et non analyste politique, mais pensez-vous qu'un gouvernement qui disposerait d'une aussi faible majorité parlementaire pourrait entreprendre les importantes réformes dont vous parliez ?
« Il faut discuter de cela avec les sociaux-démocrates. Jusqu'à maintenant je suis très sceptique sur ce point parce qu'il me semble que Jiri Paroubek, le chef du Parti social-démocrate, n'est pas prêt à discuter sérieusement du sujet des réformes. Je pense que la probabilité de nouvelles élections législatives en République tchèque est assez importante. »
Y a-t-il des pays dont la République tchèque pourrait s'inspirer pour lancer ces réformes ?
« Oui, nous pouvons bien nous inspirer du cas slovaque ou du cas des pays baltes, très transparents et très pédagogiques. Mais je connais bien nos politiciens et je doute qu'il y ait quelqu'un qui prenne cela au sérieux. »
Donc cela va devenir un réel problème si dans les prochains mois ou les prochaines années, ces réformes ne sont pas entreprises ?
« Il faut dire très ouvertement que dans trois ans le système des retraites sera en déficit permanent étant donné l'évolution démographique. »