« Flexicurité » et mobilité : l'UE face au chômage
Selon le rapport intitulé « L'emploi en Europe 2006 », publié cette semaine par la Commission européenne, la situation de l'emploi dans l'UE a continué de s'améliorer en 2005 en dépit d'un ralentissement temporaire de la croissance économique. Selon Bruxelles, les réformes portent leurs fruits. Le chômage dans l'UE a baissé de près d'un demi point (de 9,1% l'an dernier à 8,7%), tandis que la croissance de l'emploi a pratiquement doublé (0,9%). Néanmoins, l'Union européenne reste sous-performante à la fois en termes d'emploi et de croissance de la productivité par rapport à ses objectifs. Selon la Commission, il est donc urgent de redoubler d'efforts pour entreprendre de vastes réformes.
Selon la Commission européenne, il y a une interaction positive entre la flexibilité et le gain de sécurité des travailleurs, ce qui montre que cette combinaison peut contribuer à créer plus d'emplois de meilleure qualité. Les réussites observées au Danemark, en Espagne, en Finlande, en Autriche et aux Pays-Bas tendraient à montrer que la flexibilité et la sécurité sont compatibles entre elles et se renforcent mutuellement. Elles montrent aussi qu'il n'existe pas de modèle unique valable pour tous.
La République tchèque, pays gouverné par Vladimir Spidla au moment de son adhésion à l'UE, s'est récemment vue reprocher de ne pas consacrer une part assez importante de son budget à une politique active pour l'emploi. Aujourd'hui membre de la Commission européenne, Vladimir Spidla confirme qu'avec un quart de pourcent du PIB consacré à « l'activation des personnes à la recherche d'un emploi », Prague figure en queue de peloton :
« La République tchèque a un système compatible avec les autres systèmes en Europe, mais il est vrai que les dépenses pour la politique active de l'Emploi sont ici très bas. La RT fait partie des trois pays qui dépensent le moins dans ce domaine. »
Malgré une évolution positive, la proportion de travailleurs hautement qualifiés par rapport à l'ensemble de la main d'oeuvre de l'UE reste faible par rapport à celle des États-Unis. Le rapport de la Commission affirme qu'il est essentiel de posséder une main d'oeuvre bien formée et capable de s'adapter pour parvenir à une croissance supérieure de la productivité au travers du progrès technologique.
Le rapport souligne encore un autre moyen important pour relever les enjeux d'aujourd'hui sur le marché du travail dans une UE à 27 membres : la mobilité géographique des travailleurs. L'année 2006 en Europe a d'ailleurs été « l'année de la mobilité de la main d'oeuvre ».
Mais avec moins de 2% de citoyens européens en âge de travailler vivant dans un autre État membre, les efforts consentis pour créer une véritable culture de la mobilité doivent être intensifiés, notamment chez les Tchèques, traditionnellement très réticents à quitter leur patrie. Selon Vladimir Spidla, les efforts devraient porter sur l'élimination non seulement des entraves administratives et juridiques à la mobilité, mais aussi et principalement sur l'élimination des obstacles sociaux, culturels, éducatifs et organisationnels :
« Les premiers obstacles sont liées aux langues. Difficile en effet de comparer la mobilité à l'intérieur des Etats-Unis et à l'intérieur de l'Union Européenne quand les langues parlées dans les différents Etats ne sont pas les mêmes... Le deuxième obstacle à la mobilité, c'est la question du retour, parce que les Européens sont très attachés aux personnes qu'ils connaissent. Ils ont peur qu'après trois ans à l'étranger ils vont se retrouver comme des soldats démobilisés que leur tante ne reconnaît plus... Et le troisième obstacle à la mobilité en Europe réside dans le manque d'informations sur les opportunités qu'offre le droit européen, qui va pourtant assez loin en la matière. Les gens ont toujours l'impression que les risques d'une expatriation sont plus grands qu'ils ne le sont en réalité. »Pour encourager la mobilité au sein de l'UE, Vladimir Spidla ajoute qu'il faut également assurer les soins de santé et faire des efforts supplémentaires concernant la reconnaissance des diplômes et qualifications dans les différents pays membres.
Tous les efforts recommandés par Bruxelles et la « nouvelle campagne de réformes » préconisée ont toujours le même but : « atteindre l'objectif 2010 », le fameux objectif 2010 fixé par la stratégie dite de Lisbonne. Une stratégie visant à faire de l'Union « l'économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde d'ici à 2010, capable d'une croissance économique durable accompagnée d'une amélioration quantitative et qualitative de l'emploi et d'une plus grande cohésion sociale ».
Mais aujourd'hui, fin 2006, est-il encore réaliste de parler de cet objectif 2010, en matière d'emploi notamment ? Réponse de Vladimir Spidla :
« Je pense qu'il y a une très grande probabilité d'atteindre les objectifs en ce qui concerne les travailleurs plus âgés et pour les femmes. Cela me semble possible, mais pour ce qui est de l'objectif général, je ne suis pas sûr... »