Au mois de novembre, le documentaire est à l'honneur dans les écoles
Pour la deuxième année consécutive, l'organisation non gouvernementale tchèque « Clovek v tisni » (L'homme en détresse) et la télévision publique lancent au mois de novembre le projet cinématographique intitulé « Les histoires de l'injustice ». Il se propose de donner aux adolescents un éclairage sur la période communiste et les crimes commis par ce régime dans l'ancienne Tchécoslovaquie. Une manière aussi de mettre à jour les programmes scolaires, de briser le silence de nombreux enseignants. Cette année, plus de 500 écoles y sont associées.
En novembre 2005, quelque 32 000 élèves ont assisté aux projections de films documentaires, suivis de débats avec les victimes de la terreur communiste. L'écho public et médiatique de cette première édition du projet, même de la part des adultes, fut considérable. Preuve supplémentaire que tout n'a pas encore été dit sur l'histoire récente du pays, loin de-là. Cette année, le principe de l'initiative reste le même : « Clovek v tisni » a sélectionné quatre documentaires réalisés par des cinéastes tchèques de renom et racontant les destins des opposants au régime totalitaire. Les collèges et lycées peuvent recevoir gratuitement une copie d'un documentaire de leur choix. Ils sont appelés à organiser des projections et à y inviter les témoins des événements. Parmi ces quatre films en question figure le documentaire de Helena Trestikova « Le ciel au-dessus de l'Europe », réalisé en 2003 avec, comme « acteurs principaux », trois célèbres pilotes tchèques de la RAF britannique, pendant la Deuxième Guerre mondiale, Frantisek Perina, Jan Wiener et Frantisek Fajtl, ainsi que leurs épouses. Jan Wiener, accusé de haute trahison par la justice communiste, a choisi de s'exiler aux Etats-Unis. Il se souvient du tournage du film :
« Je voudrais souligner que je ne me considère pas comme un héros ! J'étais pilote pendant la guerre, mais nous étions tous des volontaires. C'était notre obligation, nous l'accomplissions avec plaisir et étions prêts à mourir. Madame Trestikova et ma femme ont trouvé injuste que la plupart des films qui traitent de ce sujet ne racontent que la vie des hommes qui s'étaient engagés dans l'armée à l'ouest ou à l'est (cela revient au même). Et leurs femmes ? Elles étaient à leurs côtés et après la guerre elles ont été persécutées au même titre que leurs maris. En plus, elles devaient assumer leur rôle de mère, s'occuper des enfants... »
Retour sur le projet cette semaine encore, dans Culture sans frontières. Vous entendrez Jan Wiener, la réalisatrice Olga Sommerova, ainsi que les étudiants qui sont à l'origine d'une exposition inédite qui accompagne le projet.