35 ans après novembre 1989, les jeunes Tchèques s’intéressent à la vie sous le communisme
Quelque 600 écoles primaires et secondaires en Tchéquie participent au projet éducatif « Příběhy bezpráví » (Histoires de l’injustice) qui vise à familiariser les jeunes avec l’histoire moderne de leur pays et notamment avec la révolution de Velours qui a abouti à la chute du régime communiste.
« Il faut donner aux enfants des exemples concrets, leur raconter des histoires vraies, pour qu’ils se fassent une idée de la vie sous un régime totalitaire. Car ils ne peuvent pas imaginer qu’il leur serait interdit de voyager à l’étranger par exemple, que leurs familles seraient mises sur écoute et suivies par la police, ou qu’ils ne pourraient pas exprimer librement ce qu’ils pensent en public », estime l’actrice et ancienne diplomate slovaque Magda Vášáryová, une des personnalités qui participent, dans le cadre du projet « Histoires de l’injustice », aux débat avec les élèves.
Chaque débat est précédé de la projection d’un film documentaire. Les élèves en discutent ensuite avec des historiens, cinéastes, protagonistes des films et témoins de l’époque, dont les anciens prisonniers politiques et autres personnes persécutées par le régime totalitaire.
Lancé en 2005 par l’organisation humanitaire Člověk v tísni (People In Need), le projet se déroule chaque année en novembre. Depuis presque vingt ans, plus de 10 700 projections ont ainsi étaient organisées à travers le pays, en présence d’environ 500 000 enfants et adolescents. Selon le directeur du projet Karel Strachota, l’histoire contemporaine et notamment la période du régime communiste n’occupent toujours pas la place qu’elles mériteraient dans les programmes scolaires, d’où la nécessité d’initiatives comme celle-ci :
« Dans de nombreuses écoles tchèques, l’enseignement de l’histoire moderne se limite à la Deuxième Guerre mondiale. On aborde rarement la période qui suit et si c’est le cas, les professeurs évoquent juste les dates et quelques noms », constate Karel Strachota.
Il souligne en même temps que, contrairement à l’idée reçue, la nouvelle génération s’intéresse à la vie sous le communisme :
« J’ai remarqué que souvent, les jeunes Tchèques sont plus critiques à l’égard du régime totalitaire que ceux qui en ont été les témoins », estime encore Karel Strachota.
Début novembre, trois nouveaux lauréats sont venus s’ajouter à la quarantaine de personnes déjà distinguées par les élèves et étudiants tchèques dans le cadre des « Histoires de l’injustice ». Cette année, Leo Žídek, condamné à huit ans de prison pour avoir tenté d’émigrer dans les années 1950, la sœur Kristína Zachovalová et de Václav Blabolil, signataire de la Charte 77 et représentant du mouvement underground en Bohême du Nord, ont reçu leurs prix à l’occasion d’une cérémonie au palais Lucerna, à Prague.
Les films documentaires présentés dans le cadre de la 19e édition des « Histoires de l’injustice » sont à découvrir sur le site du projet, de même qu’un jeu vidéo éducatif « Velvet 89 » lancé à l’occasion du 35e anniversaire de la révolution de Velours.