Olivier Py au Théâtre Ponec à Prague: "Je reste le poète de la joie."
Oeil vif, silhouette d'un adolescent, c'est ainsi que s'est présenté, dans la soirée de ce mercredi au Théâtre Ponec à Prague, Olivier Py, auteur, comédien, metteur en scène, cinéaste qui se veut avant tout poète. Il a assisté à la lecture en français et en tchèque d'une version raccourcie de sa pièce « Faust nocturne ». Après la lecture, il a répondu aux questions des spectateurs.
Etonnant, insaisissable, provocateur - tels sont les mots qui viennent à l'esprit de celui qui écoute Olivier Py lorsqu'il parle de lui et de son oeuvre. Ce n'est que plus tard qu'on se rend compte que l'excentricité de ses propos cache parfois leur sens profond.
"Mon oeuvre est une tentative de parler de la grâce et notamment de la grâce chrétienne et d'utiliser le théâtre comme métaphore de la grâce chrétienne. Je ne suis pas un poète chrétien, je suis un chrétien poète. Mais après avoir passé près de quatre ans notamment sur Claudel, "Le Soulier de satin" et d'autres oeuvres, j'ai eu envie de passer trois ou quatre ans pour faire parler en moi tout ce qui n'était pas chrétien. Ce sont donc les pièces et particulièrement celle-ci (« Faust nocturne »), et celle-ci plus terriblement parce qu'elle est plus courte et donc plus incisive, ce sont des pièces dans lesquelles je défais ma parole. Il y a une tentative de comprendre, d'imaginer ce que j'aurais été si je n'avais pas rencontré le Christ. Et la découverte de cette écriture c'est que je n'aurais pas été un désespéré. Il y aurait encore une joie qui ne serait pas la joie chrétienne du tout, mais qui serait encore une joie. Donc même sans la possibilité de la grâce, je reste le poète de la joie. Et ça fait des pièces lugubres, comme ça."
C'est la poésie qui est pour Olivier Py la matière essentielle de la création théâtrale. Le poème est pour lui le fondement sur lequel repose la pièce de théâtre, mais le rôle de la poésie est évidemment beaucoup plus large. Il dit que le poète nous apprend à vivre sans l'aide d'un dieu.
"Cela n'a pas beaucoup à voir avec une question de littérature, c'est une des possibilités données à l'humain pour vivre. Vivre poétiquement c'est un choix que certains êtres font et certains font mieux que d'autres. Mais ce ne sont pas forcément ceux qui écrivent le mieux. Je veux dire simplement que le poète est en joie simplement d'être là, il n'y a aucune promesse dans la poésie, plus exactement dans le poème. Il n'y a pas de promesse, il y a le poème, c'est-à-dire le fait d'être là en joie. En joie simplement parce qu'on est là, pour aucune autre raison. C'est très différent de la dignité du philosophe. La dignité du philosophe c'est de poser des questions. Le poète ne pose pas de questions, n'a pas besoin de poser des questions, il est la réponse."
Si vous voulez en savoir plus, écoutez, ce samedi, la rubrique Rencontres littéraires, dans le cadre de laquelle nous vous proposerons un entretien avec Olivier Py.