Joyeuse Saint-Sylvestre 2006

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Bon nombre d'entre vous qui avez choisi de passer une dernière demi-heure de l'année 2006 en compagnie de Radio Prague, doivent se demander qu'est-ce que la rédaction française a bien pu préparer pour la Saint-Sylvestre... Des anecdotes, une suite de souhaits des différents membres de la rédaction, un petit conte de fée, un thème intéressant lié au dernier jour de l'année ? Hé bien non, nous avons décidé de vous faire un « Best of » ! C'est-à-dire que j'ai demandé à mes collègues de chercher dans leurs archives ce qu'ils considèrent comme le meilleur, le plus intéressant, le plus captivant, le plus comique, et je ne sais quoi de plus encore, pour en faire une compilation que nous vous présentons à la fin de l'année. Comme un peu tous les chanteurs, les groupes, les artistes en général ont la manie, ces derniers temps, de faire des Best of, Radio Prague, « l'Artiste » se met à la mode et vous présente son « Grand Best Of 2006 » !

Je ne sais pas tellement à qui faire l'honneur de débuter le Best of. Mais si ! Voyons donc un peu ce qu'Alena nous a préparé pour la fin de cette année 2006...

"Je pense que l'on ne peut pas mieux commencer qu'avec de la musique. Il y a quelques mois, l'écrivain tchèque Ludvik Vaculik, dont la finesse intellectuelle ne cesse d'éblouir ses lecteurs et ses nombreux admirateurs, a soufflé ses 80 bougies. Peu après, il a publié un nouveau livre intitulé Polepsene pesnicky - Les chansons corrigées -. Cet ouvrage charmant réunit réflexions, récits autobiographiques, souvenirs, photographies, notes, paroles, un CD...J'espère vous faire plaisir en vous faisant écouter une des chansons de ce CD, interprétées par Ludvik Vaculik lui-même, l'écrivain qui aime chanter et qui chante d'ailleurs merveilleusement bien."

Année 2006... A propos... Saviez-vous que 2006 était, selon le calendrier chinois, l'année du Chien enragé ? Il parrait qu'en cette année tout ce qui est mauvais, mais aussi tout ce qui est bon arriveront à accomplisement. Personnellement, je dois dire que cela s'est accompli pour moi, mais que je me réjouis déjà de l'année 2007. Tout d'abord, toujours d'après le calendrier chinois, c'est l'année du Porc sage. Selon ce même calendrier, je serais né sous le signe du porc. En plus de cela, mon chiffre de chance est le sept...Donc au lieu de présenter mes collègues, ce sera certainement moi aussi qui vous présentera mon Best of 2007, à la fin de l'année prochaine... Pour l'instant, ce sera Alexis, avec une chanteuse tchèque pas comme les autres.

Au mois d'avril dernier, Alexis Rosenzweig avait rencontré Raduza, auteur-compositeur et interprète qui tient une place à part sur la scène musicale tchèque. Alors qu'elle chantait dans les rues de Prague, elle avait été découverte par la chanteuse Zuzana Navarova, décédée depuis. Et c'est cette même Zuzana Navarova qui avait convaincu Raduza de se mettre à l'accordéon, son instrument fétiche depuis :

« Je vais vous raconter ça. J'ai emménagé dans un nouvel appartement qui était complètement vide. J'avais un peu d'argent pour acheter des chaises. Mais Zuzana Navarova m'a dit qu'elle avait vu un joli accordéon : 'Vas-y, achète-le, tu est plus costaude que moi, tu peux très bien en jouer !' Au début, je ne voulais même pas en parler, j'ai trouvé que ce n'était pas assez « intellectuel » comme instrument (rires), que c'était pour jouer dans les restaus... Mais quand je suis allée acheter mes chaises, je suis tombée sur cet accordéon dont Zuzana m'avait parlé... et je suis tombée amoureuse de cet instrument. Et puis j'ai appelé mon papa:

- Ecoute papa tu sais ce que je viens d'acheter ?

- Non, je ne sais pas, des chaises ?

- Non, non, non : un accordéon !

- Oh la la, qu'est-ce que tu as fait... Bon si tu ne peux pas en jouer, au moins tu pourras t'assoir sur la valise...

- Ben je l'ai acheté sans la valise

- Alors tu dois apprendre à en jouer ! »

Magdalena attire certainement votre attention le plus souvent avec des informations, des reportages, des interviews réalisés dans le monde culturel. Cela ne veut pas dire qu'elle ne s'attaque pas, de temps en temps à d'autres domaines, la politique, l'économie, la santé. Pour ce Best of, elle a pourtant choisi... un grand reporter, un de nos confrères de renommée mondiale.

Il se dit « touriste professionnel qui raconte ce qu'il voit ». Une très belle définition, certes, mais la réalité n'est pas aussi idyllique. Patrick Chauvel est grand rapporteur de guerre français. Il a été au Vietnam, en Irlande du Nord, au Cambodge, en Iran, au Panama, en Tchétchénie... Non, nous n'allons pas évoquer avec lui les conflits qui ont rempli les journaux en 2006... Magdalena Hrozinkova qui a rencontré Patrick Chauvel il y a quelques semaines à Prague, a voulu savoir, tout simplement, si l'on peut côtoyer la guerre au plus près, pendant trente ans, et, en même temps, garder l'optimisme dans la vie. Patrick Chauvel :

« Ah bien sûr ! Bien sûr, je suis très optimiste. D'abord, je profite largement de la paix quand je suis dans un pays en paix, je profite de tous ses avantages, sans doute plus que les gens qui ne connaissent pas la guerre. Je traite cela avec beaucoup de respect. Même dans la guerre, il y a des actes de courage et de sincérité et de fidélité extraordinaires ! Les gens se révèlent, pour le pire ou le meilleur. Quelquefois, je vois à Paris des gens qui font des choses pas vraiment jolies et qui ne sont pas punis pour cela. Quand vous parlez avec un Tchétchène ou un soldat américain ou un Israélien, en général, on est très poli, il n'y a pas d'insulte. Parce que le type est armé et la réaction serait immédiate... Non, je ne peux pas être pessimiste. La guerre, elle est parfois provoquée par des gens devenus fous, comme George Bush, mais en face, les gens résistent. Et croient à ce qu'ils font, jusqu'à la mort. C'est plutôt valorisant. En tout cas moi, ça me rend optimiste qu'il existe des gens prêts à aller jusqu'au bout, pour défendre ce à quoi ils croient. Je vois trop de gens blasés, qui ont une vie agréable en France, qui ne croient à rien. Les gens dans la guerre, ils croient. Ils se trompent, parfois ils vont trop loin, mais ils ont une énergie extraordinaire, de vie justement. »

Et notre cher Guillaume ? Qu'a-t-il donc choisi pour vous épater encore une fois dans cette dernière émission de 2066 ? Serait-ce son délicieux petit apéritif aux arômes de la langue tchèque ? Ou bien un impétueux reportage réalisé dans le monde du sport dont il a le secret ? Ce sera du sport, mais pas de prouesses sur les stades ou les terrains de sports, mais un peu de philosophie. Qui le dirait, dans une interview réalisée avec un boxeur ?

C'était un soir d'octobre, à Prague, peu avant minuit. Les 10 000 spectateurs rugissant de plaisir avaient quitté la salle, satisfaits d'avoir assisté à la victoire de l'un des meilleurs boxeurs tchèques actuels. Lukas Konecny venait de battre aux points le Français Mehdi Azri dans un combat en douze rounds, conservant ainsi sa ceinture internationale WBO. Après qu'il se soit fait soigner, nous sommes allés à la rencontre de Mehdi Azri dans les vestiaires et l'avons accompagné au contrôle anti-dopage. Là, dans les entrailles du stade, nous avons longuement discuté avec le jeune Français de sa vie de boxeur et de la solitude que ressent parfois celui-ci avant d'entrer sur le ring. Mehdi Azri a évoqué avec ses mots à lui un sport dur mais fascinant :

« (Silence) Je ne sais pas... Je ne sais pas du tout. (Il hésite). Vous savez, je ne sais pas s'il n'y a que moi qui ai de telles pensées, mais avant chaque combat, quand je suis dans le vestiaire, je me demande ce que je fous là. C'est assez bizarre. Aujourd'hui, c'était quand même du haut niveau et j'ai vu où j'en étais. Maintenant, je sais que pour évoluer, il va falloir un peu plus de moyens parce que là, je suis un peu livré à moi-même. Je vais réfléchir sur la suite de ma carrière parce que je ne veux pas prendre des coups juste pour être champion de France. Ce n'est pas la finalité. »

-Vous avez dit avoir une autre activité professionnelle à côté de la boxe.

« Oui, je suis employé municipal. Je travaille avec les enfants à Rueil Malmaison (dans les Hauts-de-Seine). J'y suis arrivé quand ça ne se passait plus très bien au niveau de ma carrière, je n'y croyais plus. Ils m'ont accueilli, remis en confiance, donné une situation... Ils m'ont montré qu'il y avait autre chose que la boxe. Et... j'ai oublié la question... je viens de faire un match de boxe (il se marre). »

-On imagine que ce n'est pas facile tout de suite après un tel combat et une défaite. Comment vous sentez-vous ?

« Psychologiquement, ça va. Vous savez, il faut accepter les choses dans la vie, ça aide à évoluer. Je pense que c'est une bêtise de rester sur le passé. J'ai fait ce que j'avais à faire. Je ne regrette rien. C'est simple : tous ceux qui vont me dire que j'aurais dû faire ceci ou cela auraient pu prendre mes gants et aller sur le ring. Non, comme je vous dis, j'ai fait ce que je devais, et jeudi je vais aller bosser. J'ai fait une belle prestation, les gens sont satisfaits de moi, je ne pense pas avoir été ridicule, donc je suis content. Je n'ai aucun regret. Je pense qu'un homme doit accepter son destin et les choses bonnes ou mauvaises. »

Notre gentille Jarka, dans tout cela ? Pas d'histoire, pas de médecine, pas de sujet que je dirais... sérieux. Mais quand même : elle a découvert, au Congrès des astronomes qui s'était déroulé au mois d'août dernier à Prague, pourquoi la planète Pluton n'est plus une planète. Vraiment ! Ecoutez donc !

Oubliez ce que vous avez appris à l'école sur les neuf planètes de notre système solaire. Le 24 août dernier, la capitale tchèque Prague s'est inscrite dans l'histoire de l'astronomie mondiale. Des savants de 75 pays du monde réunis en session plénière de l'Union astronomique internationale ont tranché un litige qui dure depuis de longues années: Pluton n'est plus une planète. La directrice générale de l'Observatoire austral européen, la professeur Catherine Cesarsky explique ce qui s'est passé à Prague: Pourquoi Pluton n'est donc plus une planète ?

Catherine Cesarsky
« Parce que Pluton est tout à fait différent des huit planètes classiques du système solaire, non seulement il est beaucoup plus petit ce que nous savons depuis quelques temps mais qu'on ne savait pas au moment de sa découverte. Quand Pluton était découvert, on s'est trompé, on a cru qu'il était aussi gros que les autres. Cela fait longtemps maintenant que l'on sait qu'il est beaucoup plus petit, qu'il a une orbite qui est complètement différente des autres, une orbite qui est allongée, on pense qu'il a une histoire, une formation complètement différente. Ce qui a changé donc, c'est que depuis quelques années on a vu que Pluton n'était pas seul dans sa catégorie, qu'il y a des objets tout à fait semblables à Pluton que nous commençons à découvrir. Le fait qu'on en a déjà découvert un, peut-être deux, fait penser qu'on en découvrira beaucoup plus. Nous sommes certains qu'il y aura d'autres objets de ce type qui seront découverts. Nous ne pensons pas que ce soit une bonne idée de dire que le système solaire a neuf planètes, dix, onze, douze, treize, de modifier sans cesse leur nombre... Il vaut mieux distinguer entre les planètes historiques, et puis cet autre type d'objets. Nous avons décidé que les planètes autres que les huit planètes classiques qui restent tout simplement les planètes, les autres objets ronds et qui satisfont aux conditions établies mais qui sont plus petits sont des planètes naines. Dans ces planètes naines, il y a deux catégories : celles qui sont plus près du Soleil que Neptune comme Cérès qui était classé jusqu'ici comme astéroïde et qui devient une planète naine et puis il y Pluton et d'autres qui sont au-delà de Neptune et nous avons déclaré que c'est vraiment un autre type dont le nom reste à déterminer."

Nous arrivons tout doucement à la fin de ce programe spécial et,pour ce Best of, Vaclav a choisi une personnalité française de marque. Je lui laisse le soin de vous la présenter :

L'année 2006 m'a apporté, grâce à mon métier de journaliste, beaucoup de rencontres intéressantes avec des personnalités de la vie publique et de la culture. Parmi elles il y avait aussi Olivier Py, dramaturge, metteur en scène et comédien qui sera, à partir de mars 2007, directeur du Théâtre de l'Odéon à Paris. Dans un entretien qu'il m'a accordé il s'est montré très critique vis-à-vis du monde dans lequel nous vivons et m'a confié ce qu'il fait pour pouvoir vivre dans ce monde. Je crois que cette opinion très subjective mérite d'être rappelé au seuil de la nouvelle année.

« C'est un monde terriblement ennuyeux. Ce monde qui a remplacé la prière où la révolution par du shopping est un monde terriblement ennuyeux. Ce n'est pas que je l'exècre parce qu'il serait particulièrement violent, après tout pendant le XXe siècle on a sans doute vécu des temps plus violents encore. C'est simplement que les destins sont fermés, c'est un monde dans lequel les hommes pensent qu'ils ne peuvent pas agir, dans lequel ils pensent qu'ils ne sont pas libres, donc ils s'ennuient. Le monde marchand, le monde mondialisé, et surtout un monde où l'on s'ennuie. Et il faut qu'on s'ennuie pour faire du shopping. Donc ce shopping provoque de l'ennui, et cet ennui provoque du shopping. Et ça c'est l'opium des peuples aujourd'hui."

Comment réussissez-vous à vivre dans ce monde ?

"Moi, je fais du théâtre, je suis dans un lieu dont je ne dis pas qu'il résiste, mais qui simplement continue. Qui a un héritage culturel, qui pose encore des questions. C'est un monde qui jouit, c'est un monde qui pense. Au fond, ceux qui ont encore de l'énergie spirituelle, ils savent où trouver des compagnons pour continuer à vivre mais ils sont de moins en moins nombreux."

C'est donc le théâtre qui peut rendre notre monde plus vivant, plus vivable?

"Je ne suis pas certain que le théâtre puisse faire grand chose pour le monde. Pour le monde il fait du théâtre, c'est bien suffisant, et il le fait forcément pour une minorité, pas pour la majorité. C'est ainsi, la majorité, elle est devant la télévision. Mais il le fait, bien sûr, c'est l'aventure du poème, tant que le théâtre reste une aventure. Parce qu'il y a aussi un théâtre qui n'est pas une aventure spirituelle. Tant que cette chose est là, il y a des hommes qui ne s'ennuient pas, qui ne sont pas sans douleur, mais qui ne sont pas sans joie aussi.

Et moi, et moi, et moi, comme le chantait Jacques Dutronc ? Moi, il ne me reste plus qu'à vous présenter les voeux de « toute la rédaction en langue française des émissions internationales de la Radio tchèque ». C'est bien long, alors qu'on peut dire, tout simplement, Radio Prague. Donc, c'est Radio Prague qui vous souhaite à tous une Bonne et Heureuse Année 2007, de magnifiques réceptions, d'agréables moments en notre compagnie, de trouver dans nos émissions tout ce qui vous intéresse sur la République tchèque et, ne pas oubliez, une bonne santé aussi ! Donc à votre santé !