Chrétiens, musulmans et juifs unis contre la nouvelle législation sur l'euthanasie
Pour la première fois dans l'histoire du pays, chrétiens, musulmans et juifs se sont alliés pour protester contre le nouveau code pénal adopté par la Chambre des députés la semaine dernière selon lequel l'euthanasie n'est plus considérée comme un homicide. Vendredi, les représentants des trois religions publieront une déclaration commune dans laquelle ils appellent le Sénat à rejeter la loi et le président de la République à ne pas la signer.
« Nous croyons en un seul Créateur qui a donné la vie à tous les hommes et c'est pourquoi les hommes n'ont pas le droit de se la reprendre ou de la prendre à d'autres », a expliqué un membre du centre des communautés musulmanes en faisant référence aux racines communes des trois religions.
Le mouvement de protestation s'est mis en place suite à une initiative de l'Eglise catholique qui a convié les autres confessions à se joindre à elle. Neuf églises protestantes, mais aussi donc descendants d'Abraham et adeptes de l'Islam ont répondu favorablement à cette invitation. Au total, les trois religions représentent environ un tiers de la population tchèque, un chiffre à mettre en relation avec le fait que la République tchèque est le pays le plus athée au moins en Europe.
Pour que l'initiative parvienne à ses fins, un prêtre catholique a précisé que la protestation ne se basait pas uniquement sur la foi, mais également sur l'expérience en matière d'euthanasie dans d'autres pays comme les Pays-Bas où la mort assistée est dépénalisée. « Les différentes recherches menées ont démontré que les personnes qui souhaitaient l'euthanasie voulaient mourir uniquement parce qu'elles se sentaient abandonnées ou souffraient de grandes douleurs », a-t-il affirmé avant d'ajouter que ces deux problèmes n'étaient pas insurmontables.
Dans le camp opposé, de nombreux médecins abordent la question éthique sous un autre angle, plus philosophique. « Qu'est-ce qui a le plus de valeur dans la vie d'un homme ? La vie même ou le droit de décider librement ? », s'interroge ainsi l'un d'entre eux.
Une question qui reste posée alors que, selon certaines estimations difficilement vérifiables, jusqu'à 5 000 euthanasies sont pratiquées chaque année en République tchèque. « Il ne s'agit pas de fermer les yeux sur cette réalité, conclut le politologue Milan Hamersky. Mais puisqu'il en est ainsi et que cette pratique ne disparaîtra jamais, alors donnons à celle-ci des règles bien définies ».