Visite du Premier ministre chinois à Prague : l'économie avant tout

Le premier ministre chinois Wen Jibao, photo: en.chinabroadcast.cn

Dans le cadre du voyage officiel d'une semaine du premier ministre chinois, Wen Jibao, celui-ci sera ce jeudi et vendredi à Prague, après être passé en France et en Slovaquie. Sa présence en République tchèque fait pendant à la visite en Chine du premier ministre tchèque, Jiri Paroubek, en juin dernier.

Business is business... malgré tout. Et de la France à la République tchèque, la Chine est un partenaire plus que fréquentable. Si l'amitié sino-française n'est pas chose nouvelle, et s'est vue confirmée et renforcée à Paris ce lundi, par la signature d'un contrat de vente d'Airbus à l'Empire du Milieu, les liens avec la République tchèque sont plus récents, en tout cas dans leur forme plus « chaleureuse ». La République tchèque indépendante a des liens diplomatiques officiels avec la République populaire de Chine depuis 1993, mais l'ancien président Vaclav Havel avait, lors de son mandat, toujours refusé de se rendre dans le pays en signe de protestation contre les violations des droits de l'Homme et l'occupation du Tibet.

Aujourd'hui, et depuis le début de la présidence de Vaclav Klaus, l'heure est à la Realpolitik. Le Premier ministre, Jiri Paroubek, a qualifié la venue de Wen Jibao de « visite de l'année » et entend bien remettre sur le tapis la question des échanges économiques entre les deux pays. Si son voyage en juin dernier n'avait abouti à aucun fait concret, la visite de Wen Jibao en RT devrait cette fois-ci voir la signature d'accords économiques, et le Premier ministre tchèque ne laissera pas passer l'occasion d'évoquer la possibilité d'envoyer des entreprises de construction tchèques, lors de la préparation des JO de Pékin en 2008. Rappelons aussi qu'à partir de 2008, l'usine automobile Skoda aura une ligne de production à Shanghai.

Il semblerait que la question des droits de l'Homme en Chine arrive néanmoins au programme à un moment donné des rencontres prévues, cependant, le Premier ministre, Jiri Paroubek, a déjà laissé entendre qu'il ne se laisserait pas « entraîner dans des parti-pris idéologiques » qui pourraient mettre en péril les affaires commerciales. Des associations de défense des droits de l'Homme entendent profiter de l'occasion pour mettre en garde contre une politique trop conciliante envers un pays qui offre, du reste, un visage non-démocratique dès lors que l'on quitte la sphère économique. Petr Kutilek est secrétaire exécutif d'Olympic Watch, une association qui lutte pour la défense des droits de l'Homme en Chine, notamment en lien avec la tenue des JO à Pékin. Avec d'autres associations, ils devraient remettre ce mercredi une lettre ouverte au président et au Premier ministre tchèque avec des revendications concrètes. Ecoutons-le s'exprimer sur ce qui devrait être la position de la RT:

Le premier ministre tchèque Jiri Paroubek,  photo: CTK
« Nous estimons que la République tchèque devrait avoir une position clairement établie dans ses relations envers la Chine. Notre pays, du fait de son histoire récente, a un devoir moral de s'exprimer vis-à-vis de toutes ces personnes dont les droits sont bafoués, en Chine et ailleurs. Dans le cas précis de la Chine, nous pensons qu'une politique qui passe sous silence la réalité de la Chine qui est un pays où sont violés les droits de l'Homme est une politique de courte vue. Une politique rationnelle implique que soient mentionnés les droits de l'Homme, ne serait-ce que pour créer des conditions de régularité pour les entreprises de production européennes. Bien entendu, dans une situation où en Chine les camps de travail sont monnaie courante, où les gens qui travaillent dans les entreprises d'exportation ne peuvent même pas revendiquer de plus hauts salaires, où lorsqu'ils font grève, ils sont persécutés, la production chinoise est forcément sans concurrence et moins chère, et met des bâtons dans les roues à l'industrie européenne. »