150 spécialistes de 31 pays réunis à Prague pour faire avancer l'enseignement bilingue francophone en Europe
150 spécialistes en provenance de 31 pays, représentants des ministères de l'Education et enseignants, participent, ces jeudi et vendredi, à Prague, aux Rencontres de l'enseignement bilingue francophone en Europe. Au-delà de la propagation du français, l'objectif de ce colloque, organisé à l'initiative du ministère français des Affaires étrangères avec le concours de l'ambassade et du ministère de l'Education de la République tchèque, est de mettre en relief les avantages, les objectifs et les perspectives de l'enseignement bilingue francophone. Actuellement, ces dispositifs pédagogiques intégrés aux différents systèmes éducatifs de nombreux pays européens accueillent plus de 50 000 élèves dans quelque quatre cents établissements. Sous-Directrice du français à la Direction générale de la Coopération internationale et du Développement du ministère des Affaires étrangères, Sophie Lovy a ouvert ces Rencontres par une brève intervention. A l'issue de celle-ci, elle nous a expliqué plus en détails l'objet des travaux et discussions qui seront menés pendant ces deux jours ainsi que le choix de Prague.
« Le choix de Prague s'imposait pour une série de raisons : tout d'abord le soutien très fort des autorités éducatives de la République tchèque au projet de l'enseignement bilingue et plurilingue francophone et l'étroitesse des relations entre la République tchèque et la France, mais aussi, tout simplement, le positionnement assez stratégique de Prague au coeur de l'Europe et, enfin, la beauté de la ville qui fait que c'est un très grand plaisir de s'y retrouver. »
-Quels seront les thèmes abordés au cours de ces rencontres ?
« Nous allons travailler de façon assez technique. Nous allons entrer dans le contenu des enseignements, dans la manière même de bâtir un cursus bilingue ou plurilingue, nous allons travailler aussi sur les certifications, c'est à dire la validation des compétences à tous les niveaux et au niveau de la fin de l'enseignement secondaire pour le baccalauréat ou la « maturita ». Nous allons travailler sur la formation des enseignants, parce que c'est un moment-clé dans la définition d'un projet bilingue à la fois en termes de méthodologie, de contenu et d'approche pédagogique. Et puis, surtout, nous allons essayer de dégager des pistes de mise en commun d'expériences et de ressources. Notre espoir est de ressortir de ces rencontres avec tout de suite quelques outils méthodologiques, pédagogiques, qui puissent être mis en commun, sans doute par la voix toute simple d'une plate-forme Internet commune. »
-D'une manière générale, quelle est aujourd'hui la position de la langue française en Europe, et en Europe centrale plus particulièrement, alors que son recul, par rapport à l'anglais notamment, est souvent évoqué ?
« Je ne peux pas me plaindre, puisque ma tâche en France est de promouvoir la langue française. Je suis la sous-directrice du français et je crois que nous sommes le seul pays à avoir au ministère des Affaires étrangères une sous-direction qui se consacre à sa propre langue. En fait, on constate dans toute l'Europe centrale et orientale une vive demande et une vive croissance de la demande de français et de l'enseignement du français qui fait suite à l'élargissement de l'Union européenne. Ce n'est pas un hasard. Nous y avons beaucoup travaillé avec l'Agence intergouvernementale de la francophonie puisque notre objectif est que l'UE, en s'élargissant, continue de demeurer plurilingue. Le risque était qu'en s'élargissant, la diversité linguistique représente un défi trop compliqué et que tout se simplifie autour d'une seule langue, ce qui aurait été une catastrophe pour le pluralisme culturel et linguistique. Nous avons donc fait un gigantesque effort financier, d'organisation, de conception, et nous avons bâti avec nos amis francophones, la communauté française de Belgique, le Luxembourg et l'agence intergouvernementale de la francophonie, un plan pour le français dans l'UE qui permet notamment de toucher un très grand nombre de fonctionnaires des pays nouvellement membres et des pays candidats et de leur offrir des cours de français bâtis sur mesure pour leurs besoins. Et nous avons rencontré, avec ce plan, un vif succès et une grande augmentation de la demande. C'est vraiment notre objectif dans les quelques années qui viennent de consolider ce succès et de ne pas oublier non plus le français dans les pays plus anciennement membres de l'UE où là, en effet, le français tend malheureusement à reculer ces dernières années. »