Les dossiers des officiers de l'ancienne police secrète restent inaccessibles

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A la fin de l'année 1989, la police secrète tchécoslovaque (StB) employait douze mille personnes. 16 ans après, même si pas un mois ne passe sans que soupçons, révélations ou accusations ne touchent des personnages de la vie publique tchèque, les archives du ministère de l'Intérieur n'ont pas encore révélé tous leurs secrets, surtout en ce qui concerne les officiers de la StB. Et aujourd'hui, malgré une nouvelle loi, le ministère reste réticent à rendre publics tous les dossiers en sa possession.

« Le ministère de l'Intérieur cache les dossiers des gens de la StB » : le titre de Lidove noviny daté de vendredi n'est pas équivoque. Le quotidien accuse les fonctionnaires de ne pas se conformer aux termes de cette nouvelle loi, qui rend librement accessibles toutes les archives de l'ancienne police secrète. Les arguments sont pour l'heure d'ordre sémantique, certains, comme le directeur adjoint du service des archives du ministère, Pavel Brunnhofr, estimant que les dossiers individuels de la StB ne sont pas considérés comme des archives, "car non enregistrés en tant que tels". Cet argument, note le quotidien, est pourtant en contradiction avec une lettre du directeur du service datant de l'année 2000, précisant noir sur blanc que « les dossiers individuels des archives du ministère sont considérés comme des archives ».

Le problème de fond reste le suivant : si les collaborateurs de la StB ont été recensés dans deux listes - l'une officieuse et l'autre établie par le ministère -, il n'existe en revanche que très peu d'informations disponibles sur les employés de la StB, les officiers du « poing de la classe ouvrière ». Malgré la récente entrée en vigueur de la nouvelle loi sur les archives, l'accès aux dossiers reste difficile, ce qui, toujours selon Lidove noviny, montre bien l'influence que conservent certains de ces anciens officiers qui sont restés en poste au ministère après la révolution de velours.

Le ministre de l'Intérieur, Frantisek Bublan, lui-même ancien dissident du régime communiste, n'est pas favorable à ce que les dossiers personnels de ces anciens officiers soient en accès libre. Selon lui, seuls les chercheurs devraient pouvoir les « étudier objectivement ». Les discussions sur l'interprétation de la nouvelle loi semblent loin d'être terminées, alors qu'une partie de la population commence à se demander pourquoi les collaborateurs occasionnels sont sans arrêt cloués au pilori, alors que les vrais responsables de la répression totalitaire coulent une paisible retraite.