Constitution européenne: ratifier ou ne pas ratifier - le casse-tête tchèque
A une semaine du sommet de Bruxelles qui devrait être déterminant pour l'avenir du Traité constitutionnel pour l'Europe, la confusion règne. En République tchèque, la ratification posait déjà problème avant le rejet du texte par les Français et les Hollandais. Alors, une semaine après ces « non » massifs, inutile de dire que l'on n'y voit pas plus clair à Prague.
Une chose est néanmoins certaine : l'opposition parlementaire, représentée par les conservateurs eurosceptiques de l'ODS et les communistes du KSCM, considèrent déjà le Traité constitutionnel comme mort et enterré. A l'instar du président Vaclav Klaus, débattre sur un texte rejeté par deux Etats-membres leur paraît inutile. Jusqu'ici, le Premier ministre tentait de suivre les conseils prodigués par Jacques Chirac et Gerhard Schröder et faisait mine de vouloir poursuivre le processus de ratification. Mais même au sein de la coalition menée par Jiri Paroubek, les avis sont partagés.
Et au lendemain du coup de massue donné par le gouvernement britannique à la Constitution, le chef du gouvernement tchèque a dû le concéder sur l'antenne de la BBC : un référendum est « impossible » à organiser dans le pays vu les circonstances actuelles.
Alors la décision anglaise de suspendre le processus de ratification outre-Manche ne fait-elle que renforcer les arguments des adversaires d'un texte qu'ils considèrent comme un « document mort » ? C'est la question qu'a posée Radio Prague à l'ancien eurocommissaire récemment nommé à la tête de l'OMC, Pascal Lamy :
« L'idée que la Constitution est morte est un argument qu'on a entendu dans d'autres pays. Moi, je ne dois pas être assez subtil pour comprendre exactement ce que veut dire 'suspendre'. Est-ce que cela veut dire qu'on attend ? Qu'on n'attend pas ? Qu'on a fini ou qu'on va recommencer ? Je ne saisis pas exactement ce que cela signifie. Par contre sur le fond, je pense que ceux qui veulent continuer à faire avancer la construction européenne doivent donner à chacun des Etats-mebres l'occasion de se prononcer sur ce projet de Traité constitutionnel. Chacun des 25 Etats-membres est à égalité de ce point de vue, chacun doit pouvoir se prononcer quelle que soit la procédure, référendaire ou parlementaire. Supposons qu'à la fin, il y en ait un certain nombre qui ait dit oui et un certain nombre non, alors il faudra repartir de ce qu'ont exprimé les différentes opinions et de ce point de vue là, il faut que le tour de table soit complet. Il n'y a aucune raison dans un processus démocratique que certains aient voix au chapitre et pas les autres. »