Presse : sommet européen/euro/tourisme/Radetzky

Andrej Babiš et Charles Michel, photo: ČTK/AP/Francois Lenoir

Le non tchèque à l’euro face aux nouveaux pas franchis par la Bulgarie et la Croatie vers la zone euro est un autre sujet traité. Quelques mots ensuite au sujet de certaines applications mobiles locales relatives au tourisme, uniques à l’échelle mondiale. Il y sera également question du projet de réinstallation de la statue du maréchal autrichien d’origine tchèque Radetzky qui suscite la polémique.

Les résultats du sommet européen à l’issue duquel les dirigeants des 27 pays membres ont adopté un plan de relance post-coronavirus n’ont pas fait l’unanimité sur la scène politique tchèque. « Résultat mitigé du sommet. Les partis centristes applaudissent l’accord sur lequel ses participants se sont mis d’accord, tandis que le principal parti de droite, le Parti civique démocrate (ODS) fait part de l’échec du Premier ministre Andrej Babiš ». C’est ce que titre, par exemple, le site echo24.cz. Le journal E15 a pour sa part noté :

« L’accord de Bruxelles est une très bonne nouvelle pour l’économie tchèque. Les fonds qui lui seront accordés représentent près de 11% du PIB de la Tchéquie, une somme qui, de l’avis d’économistes, n’est pas négligeable. Le discours politique doit désormais porter sur les réformes en vue de relancer l’économie de façon à ce qu’elle soit efficace pendant au moins les vingt prochaines années ».

Le site info.cz a à ce même propos noté :

« Le sommet du Conseil européen s’inscrira dans l’histoire non seulement comme un des plus longs, mais aussi comme celui qui a accepté les arguments pertinents de quatres pays qui ne sont pas très grands : les Pays-Bas, la Suède, l’Autriche et le Danemark. Se disant économes, ces pays ont réussi à faire modifier la distribution des fonds au profit des prêts et au détriment des subventions.... La Tchéquie, tel un pays d’étendue moyenne, est dès lors appelée à tenir compte de sa position au sein de l’Union européenne. De même, elle ne devrait s’orienter trop vers les trois autres pays du groupe de Visegrad. »

« Tout est bien qui finit bien », signale le site aktualne.cz. Son commentateur remarque :

« Le résultat du sommet est plus favorable que prévu pour la Tchéquie. Mais ce résultat a été atteint uniquement grâce aux Etats qui, tout comme la Tchéquie, se sont opposés à ce que le taux de chômage d’avant la pandémie  serve de critère pour la distribution des fonds. Neuf milliards d’euros de subventions et quinze milliards d’euros de prêts avantageux sont un résultat dont le pays peut se féliciter ».

« L’Union européenne a la grande chance de sortir vainqueur de la crise du coronavirus, car les pays membres y compris la Tchéquie ont réussi à stopper la propagation catastrophique du virus », constate le commentateur du journal en ligne Deník.cz. S’y ajoute, selon lui, le fait qu’elle soit parvenue à un accord pour relancer son économie. Il a également observé :

« Il semble qu’au bout des délibérations de cinq jours, le Premier ministre Andrej Babiš s’est métamorphosé en un politicien prêt à reconnaître qu’il y a lieu d’aider l’Italie et l’Espagne et que la ‘solidarité européenne’ existe. D’un autre côté, il n’a pas été très solidaire avec ses alliés du groupe de Visegrad, la Pologne et la Hongrie. Les régimes autoritaires à Varsovie et à Budapest ont devant eux des temps difficiles. On peut saluer que, finalement, Prague ne leur tienne pas compagnie ».

La Bulgarie et la Croatie plus près de l’euro et le non tchèque

Photo: Štěpánka Budková

La Bulgarie et la Croatie ont fait un nouveau pas vers l’euro, rapporte un commentaire publié dans la dernière édition de l’hebdomadaire Respekt qui réagit au fait que les deux pays ont intégré le mécanisme de taux de change européen. Son auteur met cette démarche, qui vient d’être confirmée par la Banque centrale européenne, en rapport avec la position de la Tchéquie. Il écrit :

« Cette nouvelle ne semble avoir aucun effet sur la représentation tchèque. Le Premier ministre Andrej Babiš n’a de cesse d’assurer ses sympathisants qu’il ne veut avoir rien de commun avec l’euro. Le fait que la Tchéquie soit devancée par deux Etats que nous avions l’habitude de ranger dans la catégorie des pays moins développés n’y change rien ».

De l’avis du commentateur, il s’agit d’une grande erreur. Il explique :

« Les critères économiques mis à part, la Bulgarie et la Croatie réalisent que l’euro constitue un lien politique avec une Europe riche et civilisée ce qui représente une valeur qui est à la lumière de la fragilité du monde inestimable. En dépit de leur histoire compliquée, les Tchèques, quant à eux, refusent le lien proposé, se sentant même fiers de leur réticence. Et pourtant, maintenir  un lien étroit avec le groupe des pays ouverts, libres et prospères et participer à l’aventure de leur coopération est ce qui leur profiterait le plus. »

Le commentateur indique que les adversaires tchèques de l’euro se plaisent à détourner le débat, habilement, vers les aspects technicistes de la question. « Dommage que nous ayons raté l’occasion, il y a quelques années de cela, où le climat au sein de la société tchèque vis-à-vis de l’euro a été plus favorable. Au lieu de cela, nous demeurerons isolés, faisant partie des pays indiscernables de l’Est qui se sont fait dépasser même par les Bulgares », écrit-il en conclusion.

Le tourisme à l’heure des applications mobiles

Photo: Štěpánka Budková

Le tourisme et les voyages constituent une sphère de la vie qui a été durant la dernière décennie fondamentalement transformée grâce à l’internet. C’est ce que prétend l’auteur d’un article publié dans le supplément Orientace du quotidien Lidové noviny de samedi dernier, qui annonce le crépuscule des cartes en papier et qui a précisé à ce propos:

« Celui qui veut passer cet été en voyageant ou en se promenant à travers la Tchéquie se trouve dans une situation beaucoup plus facile que dans le passé et ce grâce aux données mobiles et au signal GPS. Dans ce domaine, la Tchéquie peut se targuer d’applications qui sont uniques à l’échelle mondiale. A noter en premier lieu celle appelée Mapy.cz, mise en oeuvre dans le cadre du portail Seznam, il y a une vingtaine d’années de cela, donc avant encore la naissance de l’application Google Maps. Grâce à l’ingéniosité de ses auteurs, la carte de base de cette application a été au fur et à mesure élargie de pistes touristiques et cyclables. Une chose qui paraît aujourd’hui évidente mais qui, au début, a marqué une véritable révolution.  Renouant avec le succès des cartes touristiques couvrant la République tchèque, le portail Seznam a par la suite étendu son application sur l’ensemble des pays du monde et même permis de les consulter offline. Une chose que même le grand Google aurait pu lui envier. »

Le supplément Orientace constate que tout en remportant des succès remarquables avec certaines applications, la Tchéquie a un retard à rattraper notamment en ce qui concerne le soutien du tourisme local.

La réinstallation de la statue du maréchal Radetzky à Prague?

La statue du maréchal Radetzky sur la place Malostranské

Une nouvelle controverse après celle qui a accompagné la récente installation d’une réplique de la colonne mariale, place de Vieille Ville à Prague, est désormais à attendre en rapport avec la décision de la muncipalité du Ier arrondissement pragois de réinstaller la statue du maréchal Radetzky sur la place Malostranské. Le journal Lidové noviny de ce mercredi a précisé  à ce propos:

« La statue du maréchal Radetzky, aristocrate tchèque et chef de l’état-major de l’armée autrichienne, qui est l’œuvre des frères Josef et Emanuel Max, a été dévoilée en 1858 avant d’être en 1919 démantelée et déposée au Lapidaridum, à Prague. Aujourd’hui, l’initiative en vue de l’établissement du monument est encouragée tant par une partie des dirigeants municipaux qui entendent l’intégrer dans la reconstruction de l’ensemble de la place Malostranské dont le début est prévu pour cette année, que par des associations civiques. Parmi ces dernières se distinguent notamment celle appelée Radecki Prague qui s’engage à ce propos depuis une dizaine d’années déjà. »

Le journal signale que le projet, tout comme précédemment la colonne à la Vierge, risque de soulever de fortes émotions au sein de la population. Mort depuis 160 ans déjà, le maréchal Radetzky et son rôle dans l’histoire tchèque font effectivement l’objet de profondes polémiques. Ainsi, pour ceux qui portent sur lui un regard critique, « le renouvellement de son monument se présenterait comme une célébration ou une réhabilitation des Habsbourgeois. »